Creissels Tarn
décembre 1st, 2007Creissels Tarn, originally uploaded by patriarch38.
Les tribulations….. Suite.
Nous devons partir le lundi matin, pour Creissels à côté de Millau, Castor et moi, pour faire un four dans une briqueterie. Nous devions y faire un four en fibre de silicate d’alumine (FIBERFRAX), qui résiste à une température de 1400°C , cette fibre ayant une faible inertie thermique, ne subit pas de chocs thermiques ni de corrosion. C’était le 1er four que nous allions faire en fibre.
Nous sommes passés par le dépôt pour charger dans le Trafic : l’échafaudage, la scie Clipper, le poste à souder et autres matériels, les matériaux étant déjà sur le chantier. Nous sommes aussi passés au bureau pour prendre le viatique (frais de déplacement), et quelques autres bricoles. Nous sommes donc partis de Voiron vers 13 heures, après avoir casse- croûté. Autoroute jusqu’à Montpellier et après la traversée du Larzac. Comme la nuit tombait, à L’Hospitalet- du- Larzac, voyant une pancarte indiquant «hostellerie » à 5 kilomètres, nous nous engageons gaillardement dans la montée. Qu’elle fut longue cette montée dans ces rues bien étroites, et puis un panneau : « Cul de Sac », nous décidons d’aller jusqu’au bout de ce cul de sac macadamisé, et alors nous voyons une belle bâtisse, avec un grand parking, où il n’y avait que des Mercédes et autres voitures de pauvres. Il était tard et tant pis pour la facture. Nous rentrons donc notre grosse cylindrée parmi ces vedettes de la route et mon dieu, elle ne dépareillait pas du tout. Plus haute et plus longue.
Après avoir fait un brin de toilette dans ma piaule de 5 mètres sur 4. Serrer la main à une armure attifée d’un casse-tête, saluer en bas des escaliers un autre chevalier avec une épée plus grande que moi, je m’avance vers le bar où se trouvait déjà Castor. Comme nous étions en train de prendre l’apéro, la patronne s’en vient et nous demande si cet énorme carrosse nous appartient. Devant notre affirmation et la confirmation que nous sommes bien de vulgaires roturiers compagnons, elle nous annonce qu’elle nous fera le prix VRP. C’était gentil de sa part, mais même avec ce prix, c’est deux jours de frais de déplacement qui sont engloutis. Nous avons très bien mangé, dormi et déjeuné vers 6 heures du matin. Avoir passer une nuit dans une résidence d’anciens templiers ne m’a pas fait rêver.
Vers 10 heures, nous arrivons à la briqueterie. Nous allons nous présenter au patron, déchargeons la citrouille, et lui demandons s’il connaît un hôtel- restaurant pas cher et bon. « Il y a bien le château (encore un), ou alors chez Yvon »-« Yvon, c’est le restaurant juste à côté des feux tricolores ? »-« Oui ! »-« Nous n’allons pas pouvoir nous reposer la dedans. »-« Attendez, je lui téléphone et il verra ce qu’il peut faire. » Il revient et nous dit : « Yvon a deux armoires normandes dans la cave, si ça vous va, il est d’accord. ». Nous y allons donc. Au comptoir un balèze barbu, avec déjà 3 Ricard servis devant lui. Et oui, il était déjà 11 heures ½. On se présente, on taille une petite bavette accompagnée d’un, puis deux, puis trois Ricard. « Prenez vos valises et suivez moi. » On traverse la route,(au feu vert), nous engageons dans une petite ruelle très raide, en cul de sac, (encore) et là, une maison à un étage. « Voilà, nous dit-il. Une chambre en bas, et une en haut. Chaque chambre a sa douche et sa salle d’aisance. Vous prenez celle qui vous convient. Votre tank, vous pourrez le garer derrière l’auberge. Tous les jours, vers 18 heures, je viendrai allumer le « cubilot » pour que vous ayez de l’eau chaude. Ca vous va ? » D’accord !
Sa femme était la directrice de l’école et lui, un normand qui s’était perdu là. Le soir même nous nous tutoyions. « Que prenez vous le matin ? » Café pour moi, pour Castor l’aristocrate, du thé. Et tu nous fais deux casse-croûtes que nous emmenons au boulot. Le lendemain matin, les casse-croûtes n’étaient pas fait. « Je vous les apporterai sur le chantier, vers 8 heures, ça vous va ? »- « D’accord ». A l’heure dite, il se pointe, avec un panier en osier et dedans : pain de campagne, terrine, fromage, deux roteuses de derrière les fagots et serviette qu’il étale sur un établi et là, nous cassons la graine tous ensembles, y compris le jeune patron de la briqueterie, alors que l’ancien patron, son père tournait en grommelant autour de la tablée, il ne voulait pas festoyer avec nous. Pendant le mois que dura ce chantier, Yvon joua le petit chaperon rouge tous les jours.
La suite à dimanche prochain.