Camping de Beuvry.
Nous étions en chantier à Béthune, et en cours de route, Jean-Paul me demande si je veux venir loger dans sa caravane, installée à Beuvry, lors d’un précédent chantier, où il était installé avec femme et enfants. Comme il fut sûrement le compagnon avec qui j’ai fait le plus de Km, et aussi de chantiers lors de mes dernières années d’activité, j’ai accepté. De plus, nous nous entendions bien.
Nous n’étions pas seuls sur ce camping, il y avait aussi Bernard le mécano qui était venu avec sa camionnette équipée. Jean-Paul m’a laissé la caravane et lui a dormi sous la tente, ce qui préservait notre intimité individuelle. Lorsque nous redescendions à la maison, nous laissions Bernard chez lui, un peu au dessus de Lyon, Jean-Paul me ramenait chez moi, puis remontait chez lui, à Voiron. Ce qui faisait du 3 heures dans la nuit du vendredi à samedi. Nous faisions le retour dans la nuit du dimanche à lundi. Départ vers 3 heures du matin, pour être à Béthune vers 14 heures.
Lui et Bernard se relayaient au volant, alors l’un deux allait dormir à l’arrière du break. Pour Bernard qui était petit ça allait, mais cette grande perche de Jean-Paul avait du mal à s’y caser. Moi je faisais l’ange gardien….d’un œil !! Avec Jean-Paul, pas de problème pour la musique, c’était du Johnny, du Johnny et du Johnny. Si j’aime certaines de ses chansons, je n’ai jamais aimé l’homme. Il me disait souvent :’’ Quand tu as un gars dans le nez c’est pour toujours !’’ C’est vrai, quand j’en ai un, j’ai du mal à l’éjecter, même en éternuant très fort.
Nous faisions les achats du casse- croûte du lendemain, ensemble. Quand nous ne rentrions pas à la maison le dimanche, nous nous payions un petit resto de temps en temps. Nous visitions aussi le coin. De même pour le tiercé, nous faisions chacun notre jeu de même valeur, et nous partagions si l’un de nous gagnait. Un dimanche qu’il ne s’était pas réveillé, j’ai été joué et j’ai gagné. Le lendemain, en touchant le fric, je lui ai donné sa part tout en retirant la somme qu’il aurait dû jouer. Il était surpris, mais je suis ainsi.
J’ai du mal à fermer mon clapet, ou que ce soit, que ce soit sur la politique ou autre sujet. Parfois, il me disait : ‘’ je ne comprends pas qu’avec ce que tu sors, personne ne te prenne à parti.’’ Un jour, nous sommes entrés dans un hôtel- restaurant à Caen, comme nous discutions avec la patronne pour une pension pour 3 compagnon, il me prend une envie de lâcher une ‘’ perle ‘’, je lui demande, ainsi qu’à Marcel de taper des pieds, mais comme ils n’ont pas saisi de suite, la ‘’perle ‘’ a franchi la porte de façon tonitruante. Un autre jour, la même patronne avait une robe chasuble et elle me dit l’avoir payer un bon prix. ‘’ C’est une honte un tel prix, pour un sac à patate, avec un trou en haut et deux sur les côtés pour passer les bras ‘’. Pourtant j’ai toujours été bien avec la patronne, même après cela.
A Charleroi, il nous arrivait d’aller boire une bière dans un troquet où la patronne, (d’un âge certain), vous balader ses ‘’roberts ‘’en forme de fusées, jusque sous votre nez. J’ai voulu voir si ces ‘’roberts ‘’ étaient dans un étui blindé, lors d’un passage prolongé sous mon nez….j’ai croqué !!! …Tous les gars au bar, étaient pliés en deux. Je portais souvent une casquette de mataf, non pour faire le beau, mais par temps de pluie, c’est un bon protège tête. Aussi dans un bar, un gars, de loin me montre la casquette et s’approchant de moi me dit : ‘’ Vous étiez dans la marine,’’-’’Oui, la royale ! ‘’ (Ce qui est faux, j’étais dans l’artillerie lourde). Alors, il me dit :’’ Chez moi, un ancien porte toujours une casquette de marin et un maillot rayé ‘’. Et moi :’’ dans mon village il y a un gars qui a été dans la marine à rames, il se promène tout le temps avec une rame sur l’épaule.’’ Jean-Paul était plié en deux et il s’en souvient encore. Je pourrais en mettre des tonnes.
Tenez, toujours à Charleroi, dans un café, où nous mangions parfois, il y avait un tire-bouchon venant d’Italie, tout en cuivre, un magnifique objet. Je dis simplement au garçon que je le trouvais beau. (Le tire-bouchon, pas lui). En rentrant à l’hôtel, je trouvais ma veste (genre militaire) à grandes poches, bien lourde, le tire- bouchon était tout simplement dans une des poches. J’allais tout de même pas le rendre, la patronne aurait crié ‘’ ciel … un voleur ‘’ alors je l’ai gardé !!
C’est ça la vie de chantier !! Vivre la vie sans aucun complexe, la prendre comme elle vient et y mettre de temps en temps, un peu de piment !!