L’orgue de Barbarie.
novembre 3rd, 2010
L’orgue de Barbarie.
L’orgue de Barbarie.
Dans le vent aigre qui charrie
l’écho des automne blessés,
un vrai orgue de barbarie
moud ses cantiques compassés.
Sur les passants, que la complainte
arrête, un étrange décor
semble élargir, comme la plainte
d’un ciel semé de sang et d’or.
Tourne, tourne la manivelle
au rythme d’un cœur éperdu.
Grince, grince la ritournelle
pour un destin qui s’est perdu.
Longtemps, longtemps, l’orgue au son grêle
tressaille au travers du brouillard,
dans l’ombre géante où se mêle
l’orchestre borgne et nasillard.
Poings crispés dans l’aube en défaite,
pour des pantins désaccordés,
romance du faubourg en fête,
que j’aime vos airs démodés.
C’est l’opéra du pauvre hère,
à quatre sous, sur les tréteaux
de la foule et de la misère,
qui frappe à coup de noirs marteaux.
C’est l’âme d’un peuple qui prie
à l’autel profane des jours;
dans l’immense cité fleurie
par la guirlande des amours.
Ecoutez jusqu’à l’aube blême,
où monte une ardente rumeur,
le chant de gloire et de blasphème
de la romance qui se meurt.
C’est le refrain d’un cœur en peine,
bercé par un amour ancien
que, chaque soir l’orgue ramène,
celui d’un cœur frère du mien.
Jean-Edouard Michel
