Charleroi Gare
novembre 17th, 2007Charleroi Gare, originally uploaded by patriarch38.
Mes tribulations …………
Lors de chantiers, il y a des villes, des régions et des gens rencontrés qui vous conviennent et « meublent » vos loisirs.
Une ville où j’aimais bien allé est connue de bon nombre d’entre vous. Le décor ressemble terriblement, à celui que j’ai connu lors de ma jeunesse dans l’Est de la France. Les hauts-fourneaux et aciéries avec leurs inévitables crassiers ; et les mines, avec leurs terrils
Charleroi avec ses 200 500 habitants, des Carolorégiens, c’est un nom bien Fransquillon, ça ! N’en déplaisent aux Flamands, ce nom ne m’a jamais vexé. Nous ne travaillions pas à Charleroi, mais à Gosselies chez Caterpillar. (Il y a aussi une usine Caterpillar à Grenoble, nous y faisions aussi les fours.
Je dois vous dire que la première fois que nous y sommes allés, à l’usine, nous avons presque fait un scandale. La première chose que nous installions sur notre chantier, était la table de casse-croûte. Une grande plaque de contreplaqué de marine, posée sur 6 cartons de briques. Tous les soirs, le ch’ti et moi, allions cherché les victuailles. Il suffisait à la sortie du « turbin » de passer chez GB à Gosselies. Vous trouviez tout ce dont vous avez besoin. Je n’ai vu, nulle part ailleurs, un supermarché avec des rayons comportant autant de sorte de chocolats et de cigarettes, cigares et tabacs, à faire pâlir de jalousie, nos Carrefours et autres Leclercs et même la maison des tabacs, si elle existe. Le scandale n’était pas que tous les matins, vers 8 heures, nous cassions la croûte, mais que nous la faisions descendre avec quelques bouteilles de nôtre bon vin Français. Le vin était interdit dans l’usine, même à la cantine.
Les premiers jours, les cadres cravatés (même les petits chefs devaient l’être) faisaient un détour avec ostentation, comme s’ils étaient offusqués par notre vice. Nous étions en tous : compagnons fumistes : 4 ; chaudronnier- mécano 2 ; manœuvres de chez nous 2 et 2 belges embauchés sur place. 3 bouteilles de 75 cl pour 10, ce n’était pas la mer à boire ! Bien sûr, dans le coffre de chantier, il y avait aussi la bouteille de Ricard, pour l’apéro de midi, avant d’aller casser la graine à la cafétéria du GB, mais un petit Ricard à midi, n’a jamais fait de mal à personne. Du moins à un Français … (et vlan !)
Au bout d’une semaine, voyant le travail que nous leur fournissions et que chaque soir, nous leurs laissions un chantier aussi propre que le lit d’une future mariée, ils nous ont adopté, tels que nous étions. Et le jour qu’ils ont vu, nôtre patron cassait une petite croûte et s’envoyait un verre de Côte du Rhône avec nous, ils en étaient soufflés. (Les fois suivantes, nous emmenions notre carburant dans des cubitainers de 22 litres). Dans ces boites américaines, un cravaté doit toujours tenir ses distances avec le petit personnel. Avec le « Mammouth », pas besoin de lui réclamer sa « cote- part », il sortait toujours un « biffeton » dans ces cas là.
Je logeais toujours à Charleroi, chez un des cafés qui garnissaient la place du théâtre. Nous n’étions que Castor et moi. Le premier fut, là où se trouvait l’entrée des artistes. Mais il n’y avait pas de douches. Un café, juste à côté en avait, alors nous prenions notre serviette sur le bras, nos produits de beauté dans les mains, et nous traversions notre hôtel, pour aller prendre la douche à côté. Logeant près du théâtre, nous faisions notre cinéma, c’est normal ! Non ? La fois suivant, nous n’avons eu que 5 mètres à faire pour changer de crémerie. Puis, le café a changé de gérant, car je crois qu’en Belgique, beaucoup de cafés sont la propriété des brasseries. Alors nous avons juste traversé la place, la 4ème ou 5ème fois. Ce café appartenait à une dame âgée, mais tenu par sa fille et son gendre. Un rital ! Nous en avons fait notre quartier général. Un simple coup de bigophone le samedi pour annoncer nôtre arrivée le lundi soir, et notre chambre (toujours la même pour moi), était disponible.
Le soir, nous mangions au resto, pas nécessairement ensemble, j’avais mes goûts et Castor les siens. Je préférais les ritals ou les grecs. Je vais vous avouez que je me suis parfois demandé, s’il y avait des restaurants tenus par des belges, dans cette ville. J’en ai tout de même trouver pour les traditionnelles moules- frites. Et puis, les voltigeurs des frites, mais oui, ces baraques que l’on trouve au moindre coin de rue, elles fleurissaient la place, avec ses papiers gras, et les pigeons éboueurs.
La prochaine fois, je vous parlerais de cette ambiance que j’aimais bien et que l’on ne retrouve pas partout, pas besoin d’aller à Amsterdam, pour chanter du Brel !!