Hector Berlioz
février 8th, 2010HECTOR BERLIOZ
Vie et œuvre
“Musicien français, né à la Côte-Saint-André (Isère) le 11 décembre 1803, mort à Paris le 8 mars 1869. Son père était un médecin de mérite, et aurait souhaité qu’il suivît la même carrière. Mais, tout jeune encore, le futur compositeur manifestait un goût marqué pour la musique. Certaines impressions musicales de son adolescence le hantèrent toute sa vie, comme aussi les émotions qu’il ressentit lorsque son père lui fit expliquer les deuxième et quatrième livres de L’Énéide.
En 1822, le jeune homme fut envoyé à Paris pour y étudier la médecine, mais il se montra bientôt plus assidu à l’Opéra qu’à la salle de dissection. Il se passionna surtout pour les œuvres de Gluck, et s’exerça en secret à la composition; ce n’était pas la première fois d’ailleurs qu’il était pris de velléités de ce genre : déjà, à la Côte-Saint-André, après lecture du traité d’harmonie de Rameau, il avait arrangé des duos en trios et quatuors, à tort et à travers, naturellement, et composé deux quintettes, un sextuor sur des thèmes italiens, et quelques mélodies. L’une de ces mélodies fut reproduite par lui, dans la suite, au début du premier morceau de la Symphonie fantastique.
À Paris, Berlioz choisit pour sujet d’une cantate un poème de Millevoye, intitulé Le Cheval arabe; il écrivit, en outre, quelques scènes pour un opéra intitulé Estelle, un oratorio, Le Passage de la mer Rouge (tous ces fragments ont été brûlés par lui), et une Messe, dont le Resurrexit seul avait quelque intérêt. À ce moment, Berlioz était élève de Lesueur, le célèbre auteur des Bardes. Sa Messe fut exécutée deux fois, à Saint-Roch et à Saint-Eustache, grâce à un prêt généreux de 1200 francs que lui fit un amateur, Augustin de Pons. Sur ces entrefaites, il entra comme élève au Conservatoire. Cependant sa famille s’opposait à ce qu’il suivît sa vocation, et voulait le contraindre à étudier la médecine. Il revint à la Côte-Saint-André, et y eut avec son père et sa mère des discussions nombreuses : le récit qu’il en a fait dans ses Mémoires paraît néanmoins plus dramatique que de raison, et l’exactitude en est un peu douteuse. Il repartit bientôt : le père consentait à ses projets artistiques; cependant, peu après, la pension annuelle qu’il avait reçue jusque-là fut définitivement supprimée.
À bout de ressources, Berlioz s’engagea comme choriste au théâtre des Nouveautés. Il continuait de suivre les cours du Conservatoire, dans la classe de Reicha, et composait, sur un poème de son ami Humbert Ferrand, intitulé Les Francs-Juges. L’ouverture de Waverley succéda à celle des Francs-Juges. Puis il présenta au concours de l’Institut, sans succès d’ailleurs, une cantate intitulée La Mort d’Orphée.
En 1828, il fut plus heureux, et obtint le second prix; un an après, il composait Huit scènes de Faust, la Symphonie fantastique, et une fantaisie sur La Tempête, de Shakespeare. Il professa la guitare dans une pension de demoiselles. En 1830, il se présenta encore (pour la quatrième fois) au concours de l’Institut, et sa cantate, Sardanapale, fut jugée digne du premier prix. À la suite de cet événement, il partit pour faire en Italie le séjour réglementaire, mais n’y resta que dix-huit mois. Lorsqu’il en revint, il rapportait des mélodies séparées, que plus tard il utilisa, une ouverture de Rob-Roy (brûlée depuis), l’ouverture du Roi Lear, et Lélio ou Le Retour à la vie, monodrame. Pendant toute cette période de début, diverses aventures prennent date, dont le détail ne saurait trouver place ici, mais qui se rapportent presque toutes à sa passion pour miss Smithson, de laquelle il sera parlé plus loin. En 1834, Berlioz fait exécuter Harold en Italie; en 1835 il entra au Journal des Débats comme critique musical; en 1837, aux Invalides, il donne une Messe des Morts, ou Requiem, qui lui avait été commandée par M. de Gasparin.
Le 3 septembre 1838, une œuvre dramatique de Berlioz, Benvenuto Cellini, écrite par lui sur un poème de Léon de Wailly et Auguste Barbier, affronta la scène de l’Opéra. Non seulement le public se montra fort hostile et siffla les meilleures choses, mais les exécutants eux-mêmes trahirent la confiance du musicien et parurent s’entendre pour massacrer la partition avec le zèle le plus répugnant. Benvenuto eut trois représentations. À la suite de cette catastrophe, la détresse la plus grande régnait au logis de Berlioz, marié avec Henriette Smithson (depuis 1833), et père d’un petit garçon. Ce fut alors que le célèbre Paganini lui envoya spontanément vingt mille francs. Le 24 novembre 1839, Berlioz fait exécuter au Conservatoire Roméo et Juliette, grande symphonie dramatique, l’un de ses œuvres les plus remplies de passion, sinon les plus achevées, et, sur la première page de la partition, il a écrit ces mots : à Nicolo Paganini.
En 1840, à l’occasion de l’inauguration de la colonne de Juillet, Berlioz composa une Symphonie funèbre et triomphale, que lui avait commandée M. de Rémusat. À partir de cette date, il se met à voyager. Une première excursion musicale a Bruxelles pour objectif; en 1843, il va en Allemagne, donnant des concerts à Leipzig, Berlin, Stuttgart, Hambourg, Francfort, Weimar, etc.; en 1844, il organisa à l’Exposition un grand festival où fut donné son Hymne à la France (paroles d’A. Barbier); en 1845, il parcourt l’Autriche, la Bohême, la Hongrie; puis, reprenant son idée de l’année précédente, il organise un concert monstre au cirque des Champs Élysées; en 1847, il visite la Russie. En 1848, il dirige, à Londres, l’orchestre de Drury-Lane, puis retourne en Bohême; en 1851, il fait un nouveau séjour en Angleterre. Pendant ses tournées artistiques, Berlioz trouve des enthousiastes fervents et de vigoureux contradicteurs, mais, somme toute, les succès l’emportent de beaucoup sur les échecs.
La Damnation de Faust, légende dramatique en quatre parties, que beaucoup de musiciens considèrent comme l’œuvre maîtresse de Berlioz, fut exécutée pour la première fois à Paris en 1846, devant une salle à peu près vide. Ce fut un désastre. Vint ensuite L’Enfance du Christ, Mystère sacré (1854), premier grand succès de Berlioz, qui obtint le suffrage de ses ennemis même. En 1855, il donna à l’Exposition universelle quelques concerts monstres. En 1856, le Te Deum, avec orgue, orchestre et deux chœurs, fut donné à l’église Saint-Eustache. Le 21 juin 1856, il fut élu à l’Académie des Beaux-Arts en remplacement d’Adam. En 1862, il inaugura le théâtre de Bade avec Béatrice et Bénédict. Le 12 avril 1862, il fut battu à l’Académie des Beaux-Arts où il briguait le secrétariat perpétuel donné à Beulé qui n’était pas membre de l’Académie. La dernière œuvre du maître est intitulée Les Troyens, tragédie lyrique de proportions considérables, qu’il se vit obligé, par le malheur des circonstances, de diviser en deux parties, La Prise de Troie et Les Troyens à Carthage. La seconde de ces parties a seule été jouée, en 1863, au Théâtre-Lyrique. Malgré l’accueil chaleureux qu’il reçut le premier soir, l’ouvrage ne réussit point et disparut de l’affiche après une vingtaine de représentations. Le chagrin que Berlioz ressentit de cet échec s’ajouta à beaucoup d’autres, à d’irréparables deuils, comme la mort de son fils Louis. Une cruelle maladie nerveuse, dont il souffrait depuis longtemps, usa rapidement ses forces. Mais ses derniers jours, au milieu de tristesses sans nombre, furent consolés par le dévouement de quelques amis fidèles, Damcke, M. et Mme Massart, M. Ernest Reyer.
En tout cas, il est une chose que l’on doit constater, c’est que Berlioz (dont Wagner a pu dire : « Il est le seul musicien français qui n’écrive pas sa musique pour de l’argent. ») a toujours passionnément défendu la cause qu’il croyait bonne, et qui, de fait, était bien telle. Avec une persévérance infatigable, il s’est jeté dans la lutte; jamais il n’a caché ou atténué ses opinions, et, si on peut lui reprocher d’extrêmes violences de polémique, des critiques si âcres qu’elles cessaient parfois d’être justes, l’excès en cette matière vaut mieux sans aucun doute que l’absence de principes et les capitulations de conscience.
Source: Wikipédia.