Anniversaire (Marsupilami)
À peine est-il arrivé au monde que le nouveau né prend de l’âge.
Les heures passent et puis les jours. On mesure en semaines, puis en mois cette existence nouvelle. Et les gouttes de sa vie s’épaississent. Arrive sa premier année, son premier gâteau, la première bougie à la flamme incertaine que souvent les parents, émus bien plus que lui, soufflent à sa place. Ses premiers cadeaux, les premiers refrains que l’on reprend en chœur pour lui dire: “Bienvenu chez les tiens.”
Fêter un anniversaire, c’est faire un signe d’une rive à l’autre du temps. Qu’il est bon, en amour ou en amitié, de faire la surprise à nos proches d’une pensée, même modeste, au passage de cette date immuable. Quelle émotion délicieuse et subtile que de savoir qu’on a songé à faire briller pour nous cette journée intime d’un éclat particulier. Sans les autres, un anniversaire n’existe pas. Ce que l’on partage avec eux, c’est la marque de la fidélité, d’un attachement léger, d’un lien qui jamais n’entrave. Même si les bougies sont nombreuses, on peut demeurer délicat.” Un bon mari, écrit le poète Jacques Audiberti, se souvient toujours des anniversaires de son épouse, mais jamais de son âge ”
Les peuples aussi aiment exalter leur histoire. Plus elle est vaste et plus ils commémorent ensemble leurs grands Hommes et les événements de leur passé commun: les deux milles ans de Marseille, le bicentenaire de la Révolution Française, d’Alexandre Dumas, de Victor Hugo ou de Berlioz. Le tricentenaire de Saint-Pétersbourg, le centenaire de Simenon, et les 122 ans de Jeanne Calment, l’Arlésienne qui, nous dit-on, croisa Vincent Van Gogh chez un marchand de couleurs. Et aussi de grands personnages inventés.
Aujourd’hui, c’est une créature d’André Franquin que La Poste a décidé de mettre à l’honneur: Le Marsupilami. Seul marsupial au monde à ne pas venir d’Australie, il est originaire de Palombie, pays rêvé d’Amérique du Sud où il a vu le jour en 1952. Doté d’un nombril insolite, il possède une queue légendaire qui lui sert de lasso ou bien de canne à pêche. Doux comme du pilou, précieux comme un ami, nous fêtons avec lui nos noces d’or; 50 années d’enfance avec cette boule de tendresse bondissante à la robe jaune tachetée de noir.
Et puisque nous célébrons l’imagination et la fantaisie, on ne peut que songer à ce personnage de Lewis Carroll dans Alice au pays des merveilles: le chapelier fou qui désirait fêter les “non- anniversaires”.
Pour nous permettre, sans doute, de nous réjouir 364 jours pas an !!!
(Michel Grégoire)
Timbre dessiné par André Franquin et Batem Imprimé en héliogravure. Format carré de 38 x 38 mm. Ici un bloc de 5 timbres. 1er jour de mise en vente à paris le 31 mai 2003.
Source: Collection philatélique de La Poste.
PS: pas moyen de commenter sur OB ce matin… Bonne journée à tous.