Mémoire sélective !!
avril 1st, 2006« Je ne suis pas partisan d’une démocratie des ultimatums. Nous avons des institutions démocratiques. Nous avons fait la révolution pour les obtenir ! (…)Quand une loi est votée par le parlement, conformément à l’esprit et à la règle de nos institutions, elle doit être appliquée. »
Voilà ce qu’a sèchement déclaré Chirac le 24 mars de Bruxelles, à propos du CPE, quelques minutes avant que Villepin reçoive les syndicats. Son fidèle lieutenant, Jean-Louis Debré, le président de l’Assemblée Nationale, s’était montré encore plus abrupt (comme hier soir d’ailleurs), le 14 mars sur Europe 1 : « Si maintenant , parce qu’il y a une manifestation, on remet en cause l’autorité et la légitimité de la loi, il n’y a plus de république » Quelle admirable fermeté ! Quelle intransigeance sur les principes.
Ces deux vieux compères semblent avoir perdu la mémoire. Le 24 juin 1984, le même Chirac défilait en tête de la manif géante de 1,5 million de personnes (pas de chipotage sur les chiffres) contre la réforme Savary de l’enseignement privé. Et ce, un mois après son vote par l’Assemblée nationale le 24 mai au terme d’un débat lui aussi écourté par la procédure de l’article 49-3 : coïncidence !
S’attachant ensuite à récupérer le succès politique de cette manif (retrait de la loi Savary le 12 juillet, (puis chute du gouvernement Mauroy, cinq jours plus tard); Chirac demandait carrément à Mitterrand, lors de l’université d’été du RPR, à la fin août 1984, de dissoudre l’Assemblée nationale.
Comme quoi dans l’esprit de Chirac le républicain, le pouvoir de la rue l’emportait à l’époque, non seulement sur la loi, mais sur ceux qui la font.
Article pour mémoire du Canard-Enchainé !
“Peut être que dans son esprit, la république n’existe que lorsqu’elle est de droite.” 
