Nouvelle boîte, nouveaux chantiers.
octobre 24th, 2009Four puits électrique pour recuits.
Nous sommes arrivés à Grenoble, début juillet 68. Et pour bien commencer, le logement que les militants nous avaient trouvé, était totalement à refaire. En 3 jours, ils nous en ont retrouvé un autre mais plus cher, à loyer normal. Nous n’avions à l’époque que nous deux filles.
Dans la société où j’entrais, l’ambiance était différent que dans les boites de l’Est, où nous nous connaissions presque tous. Le travail aussi était différent, très peu dans la grosse industrie, sauf dans les verreries. Au début, je suis allé travailler dans un atelier d’usine, où étaient fabriqués des fours pour traitement thermiques. Fours à trempe, à recuit, à frittage etc… Bien sûr, pour chaque catégorie de traitement, il y avait différents modèles de four. J’étais facturé en régie, c’est-à-dire aux heures effectuées, par mon patron ; qui lui me payait mes heures, le casse- croûte et les frais de trajet.
Cette usine était à 4-5 km de chez nous. Dire que j’ai été accueilli à bras ouvert par les autres compagnons, serait présomptueux de ma part. Le Grenoblois est assez froid de nature. Il faut dire que de nos jours, le grenoblois de souche est de plus en rare. Peu importe, j’étais là pour gagner ma croûte.
A l’atelier, nous avions chacun un four à faire, les matériaux étaient posés à côté du four, vous aviez le plan et les scies clippers étaient alignées contre un mur avec une aspiration des poussières. Parfois deux compagnons pouvaient avoir un four identique à faire. Il a fallu que je m’habitue à suivre la cadence de travail des gars pour ne pas leurs casser la ‘’baraque’’, ce qui m’a fait dire à Eliane : ‘’C’est bon, maintenant je peux te dire que j’atteindrai l’âge de la retraite.’’ C’était le jour et la nuit entre les travaux exécutés dans l’Est ou le Nord et ici. Je partais le matin et rentrais le soir, j’emportais un casse-croûte pour midi, car nous avions 1 heure ½ de battement et c’était la croix et la bannière pour faire l’aller –retour avec la circulation.
Dès le mois de juin, nous allions pour cette société, réparer les fours dans les usines où ils avaient été installés. C’est les périodes que j’aimais le mieux. J’étais mon propre patron. La société livrait sur place les matériaux et le matériel de chantier. Nous recevions nos affections de notre chef d’atelier avec : adresse du lieu, le plan du four, le bordereau des matériaux et matériel livrés, et en plus le nombre d’heures pour effectuer les travaux, démontage et remontage. En général, 110 heures pour la plupart des fours, (2 semaines) et rarement 3 semaines. Vous partiez avec 2 chantiers à faire, l’un après l’autre. Soit un mois.
J’aimais ces chantiers, j’étais seul au chantier comme en pension, mais je suis très sociable, alors j’étais partout à mon aise. De plus, j’arrivais toujours à gagner sur un chantier de 110 heures, 15 à 20 heures, ce qui me permettait de rentrer à la maison, où que je sois, entre les deux chantiers. Je m’arrangeais toujours avec l’ingénieur qui me signait la fiche de travail. Il était content d’avoir son four livré avant la date, car il pouvait le sécher et l’avoir en état de fonctionner, le jour même de l’embauche. En juin, juillet et Août j’étais en déplacement pour cette société.
Je vous parlerai la semaine prochaine de certains de ces chantiers.