l’Ours et les deux Compagnons.
juin 3rd, 2010L’Ours et les deux Compagnons
Deux combinards, fauchés à blanc,
Gaffant qu’ils n’avaient plus de ronds,
Cavalèr’nt un jour, à la flan,
Baratiner un mironton.
Nous avons, bavèr’nt t-ils, pour te faire un pardingue,
Repéré dans le bled, un ours des plus comacs.
Si tu veux les lâcher, débrider ton morlingue,
Nous t’apportons sa p’lure, et tu nous file un sac.
Gigo, cavalez en vitesse.
A vous mon fric et mes pélots.
Là-d’ssus, v’là nos mecs à la r’dresse
Qui bagot’nt se mettre au boulot.
Arrivés sur le tas, ils zieutent la bestiole,
Qui les gaffe à son tour; assis sur son pétard.
Ils n’osent en bonir une, ayant tous deux les grolles,
De se faire arnaquer, comme des dégonflards.
Et, biglant Martin qui radine
De leur côté, d’un même accord
Ayant gambergé la combine;
Chacun pos’ sa chique, et fait l’mort.
Ces truands à la manque me prennent pour une gourde,
Bonit l’ours à la page en s’approchant du preu.
Puis, lui ayant jacté quelques mots aux esgourdes,
Il se trique en peinard, loin de nos cafouilleux.
Ceux-ci, encore à moitié dingues,
S’empress’nt de mettre les bouts de bois.
Nib de pognon, nib de pardingue,
Notre ourson ayant eu la loi.
Dis-moi, dis le second, ce que ce vieux duch’noque
A bien pu te baver, avant de se barrer ?
« Que l’on ne doit jamais, à moins d’être sinoque,
Fourguer la p’lure de l’ours avant qu’il soit clamsé. »