Tour de l’Abbaye Saint-Vanne (Verdun-55)
novembre 10th, 2010L’abbaye Saint-Vanne et sa Tour
Fondée en 952 à Verdun, l’abbaye de Saint-Vanne (San Vitone en italien) a connu une histoire brillante au XIe siècle. Elle tient son nom de saint Vanne, évêque de Verdun au Ve siècle. Richard[1], chanoine de Reims, qui fut abbé de 1005 à 1046, en a fait un foyer de rayonnement spirituel d’où il diffusé une variante lorraine de la réforme grégorienne. À cette époque, Saint-Vanne de Verdun entretient une école et un scriptorium réputé. La querelle des investitures (1076-1122) marque un coup d’arrêt dans ce développement : l’évêque de Verdun est favorable à l’empereur, tandis que les moines prennent parti pour le pape. Ils sont obligés de s’enfuir.
L’abbaye reprend vie après la tourmente et exerce un rayonnement remarquable aux XIIIe et XIVe siècles, en dépit des vicissitudes d’une histoire riche en catastrophes. Indépendante de Cluny et de Citeaux, elle avait conservé une influence notable dans l’est et le nord de la France. L’abbaye subit au XVe siècle le régime délétère de la commende. Au sortir de la Réforme et des conflits religieux, l’abbaye est en proie au désordre. Didier de La Cour parvient à y remédier et à restaurer une vie communautaire. Élu prieur en 1598, il unit celle-ci à l’abbaye de Moyenmoutier en 1601 puis, à partir de ce noyau, il constitue une Congrégation de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe.
Le milieu lorrain et la vie spirituelle interne qui s’y est développé favorisent le succès de la fondation nouvelle. L’abbaye Saint-Vanne de Verdun deviendra l’abbaye mère de la nouvelle congrégation riche de quarante-huit monastères en 1672. Pénétrée par le jansénisme au XVIIIe siècle, l’abbaye est supprimée lors de la Révolution en 1791, et détruite en 1830.
La tour Saint-Vanne est le doyen des bâtiments de la citadelle, puisque c’est la tour nord de l’ancienne abbatiale éponyme, datée du XIIe siècle. Menacée de devenir un silo vers 1833, elle échappa toutefois à ce sort. On y installa tout de même en 1914 une antenne radio.
La plaque tombale de l’”honneste femme”, remployée dans l’angle du bâtiment anciennement dédié aux bureaux du génie. Sa présence ici est insolite. Scellée jadis dans l’abbatiale, elle fut retrouvée ainsi que d’autres vestiges dans les décombres du siège de 1870. Certains prirent la direction du musée, et la plaque fut intégrée dans les constructions édifiées lors du renforcement.
Il demeure quelques fondations, remontant au XVe ou au XVIe siècle, de l’abbaye Saint-Vanne, sur au moins deux niveaux. Naturellement, elles ont été quelque peu bouleversées depuis. Selon d’anciennes cartes, il semble qu’une manutention et un puits aient été en service à cet endroit jusque vers 1800.