Germigny-des-Près
mai 10th, 2011Germigny-des-Près. (Mosaïque carolingienne)
Juriste, théologien, poète, Théodulfe fut aussi l’un des très grands “missi dominici” de Charlemagne. Il devient en798, à la demande du futur empereur, abbé de Saint-Benoît-sur-Loire, et fait bâtir, non loin de là , à Germigny-des-Près, un oratoire privé attenant à la villa où il a coutume de séjourner pour travailler. La construction de la bâtisse fut vraisemblablement confiée à Odon, l’architecte d’Aix-la-Chapelle. De dimensions modestes, l’édifice, ramassé autour d’une tour lanterne, était de plan carré, dont on retrouve l’équivalent en Arménie. Quand à la forme des arcs, c’est en pays wisigoth espagnol, qu’il convient d’en chercher la source.
Inaugurée en 806, la petite église a été par la suite agrandie, remanié et largement restaurée. C’est lors d’une campagne de restauration que l’on a retrouvé une mosaïque datant de l’époque de la construction. Cette très belle composition doit son originalité à un programme iconographie d’ordre symbolique, unique en son genre, dicté visiblement par Théodulfe lui-même. En effet les petites tesselles de verre cassé où se mélangent harmonieusement l’or, l’argent l’azur, le pourpre et le vert, ne représentent pas l’image du Christ, mais une arche d’alliance conforme aux prescriptions de la Bible, sollicitant ainsi nombre de lectures érudites qui se réfèrent aux Livres Saints.
De part et d’autre de l’arche se tiennent deux petits anges, tandis que deux autres plus grands, dont les ailes s’entrecroisent; épousent la courbe de la voute. Sortant des nue, une main (celle du Dieu créateur) désigne et bénit l’arche. (Celle de la première alliance mais aussi celle de la nouvelle alliance que scelle le Christ de son sang versé). Quand au vent qui s’empare des ailes des anges, il fait allusion au souffle de l’Esprit. A la symbolique religieuse qui réunit le Père, le Fils et le Saint-Esprit, s’ajoute la symbolique cosmique des couleurs dominantes qui opposent l’or de l’éclat du jour au bleu sombre des profondeurs de la nuit. Quand à Saint Théodulfe, c’est en latin, avec quelques vers au bas de la superbe composition, qu’il interpelle le visiteur:” regarde le Saint Oracle et les Chérubins, contemple la splendeur de l’Arche de Dieu et, à cette vue, songe à toucher par tes prières le maître du tonnerre.”
Maïten Bouisset.
Timbre mis en page par Aurélie Baras, d’après une photo de G.Dagli Orti, imprimé en héliogravure. Vente anticipée le 21 octobre 2000 à Germigny- des- Près (Loiret), vente générale le 23 du même mois.