Chardin (1699-1779)
mai 23rd, 2012Chardin (1699-1779)
En 1728, Jean-Baptiste Chardin à 29 ans et expose, place Dauphine à Paris, plusieurs natures mortes dont “la Raie” et “Le Buffet”, aujourd’hui au musée du Louvre. Il devient la même année, grâce à l’appui de Nicolas de Largillière, membre de l’Académie Royal “dans le talent des fruits et des animaux”. Isolé dans son époque, évoluant en marges des modes et des courants, celui qui disait: ” on se sert des couleurs, mais on peint avec le sentiment”, saura élevé au plus haut niveau de la peinture quelques thèmes d’une extrême simplicité, qui furent, jusqu’à sa mort, au cœur même de son existence quotidienne.
Ainsi, Chardin s’attache à donner vie, inlassablement, aux choses les plus humbles et les plus familières, un pichet et un verre rempli de vin, un bocal d’olives et une brioche, un poisson et lièvre morts abandonnés sur une table, ou encore une grappe de raisin et quelques grenades savamment disposées sur un buffet. Qu’il s’agisse de natures mortes ou de scènes de genre, le plus souvent liés à l’intimité domestique, le peintre évite les pièges du récit purement descriptif ou simplement anecdotique, mais impose le présence silencieuse des choses ou des figures dans un espace clos intemporel dont l’émotion n’est jamais absente.
L’ordonnance rigoureuse de chacun des éléments dont le rôle évolue en fonction des rapports de masse, la répartition extrêmement savante de la lumière, l’opulence de la matière traitée en touches épaisses et somptueuses ainsi que la science consommée des valeurs chromatiques confèrent à l’ensemble un sentiment d’équilibre et d’harmonie qui touche à l’universel. Diderot ne s’y était pas trompé, lorsque dans son compte rendu du salon de 1763, il invoque ainsi la peintre: ” … c’est celui-ci qui entend l’harmonie des couleurs et ses reflets. Ô Chardin, ce n’est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette, c’est la substance même des objets, c’est l’air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau, et que tu attaches sur la toile….” Plus loin, le philosophe du Siècle des lumières, ajoute :”… approchez-vous, tout se brouille, s’aplatit et disparaît. Eloignez -vous, tout se crée et se reproduit….” (Texte de Maïten Bouisset)..
Timbre: Oeuvre de Jean-Baptiste Chardin, mise en page par Aurélie Baras et imprimé en héliogravure. Format horizontal 46 x 38,85. Vente anticipée à Paris le 27septembre 1997 et vente générale le 29 du même mois. ( Raisin et grenades 1763. Huile . 47 x 57 cm. Musée du Louvre.)
Source: Collection philatélique de la Poste.