Corsaires Basques..
mai 29th, 2012Corsaires Basques.
“Nid de vipères”: c’est ainsi que les Anglais qualifiaient le golfe de Gascogne et notamment les ports de Bayonne et de Saint-Jean-de-Luz d’où partaient les expéditions des corsaires basques. Ce surnom valait bien les “nids de frelons” de Dieppe, de Dunkerque ou de Saint-Malo qui ont forgé le mythe du corsaire. A l’origine, le mot “corsaire” désigne le navire armé pour la guerre de course. Activité “légale”, la “course” est à distinguer de la piraterie, basses œuvres d’individus se procurant du butin par le pillage et agissant pour leur propre compte. Le corsaire, lui, combat pour son roi. En cela la course supplée ” la Royale”, marine de haut bord, devenue inexistante à la suite de défaites.
Quiconque, ne peut s’improviser corsaire. Il faut obtenir une autorisation dite :” Lettre de marque” délivrée par l’Amirauté et pour laquelle le commanditaire paiera une forte caution. Il faut également disposer d’un gros capital pour armer des baleiniers et autres bateaux de pêche transformés pour l’occasion, acheter des provisions de bouche et recruter des marins. Pour la seule année 1757, pic de l’activité corsaire basque, Bayonne mit en course31 navires équipé de 5125 hommes et de 460 canons. Saint-Jean-de-Luz, son voisin, mit en ligne 22 unités dotées de 117 canons et défendues par 1800 marins.
Pour financer ces entreprises coûteuses mais ô combien lucratives, des sociétés par actions étaient créées. Au retour de l’expédition, les actionnaires étaient rétribués en fonctions des parts souscrites. L’était quand à lui, fournissait les canons (jusqu’à 20 pour les grosses unités). Si l’on recrutait les capitaines dans les portes de la côte basque et dans l’arrière pays, la zone de recrutement de l’équipage était beaucoup plus étendue: le pays basque, bien sûr, mais aussi Bordeaux, Angoulême, Mende, l’Île-de-France, l’Espagne même.
Un bateau de 400 tonnes pouvait porter 400 hommes, marins et soldats confondus. Cet entassement engendrait une inévitable promiscuité. Mais l’appât du gain primait sur les états d’âme. Car la course n’est pas seulement un acte de guerre. C’était aussi un acte commercial. Il s’agit de récupérer le navire ennemi, de s’emparer de sa cargaison et de faire prisonnier le plus grand nombre possible de matelots, “marchandises” d’échange contre les marins français qui croupissaient sur les pontons anglais. La technique d’assaut la plus efficace était le “matelotage”, abordage au moyen de 2 bateaux. Victimes privilégiés, les galions espagnols et portugais qui, d’Amérique du sud ou d’Afrique, rentraient au pays, les cales remplies d’or. De retour de l’expédition, la cargaison était vendue et le produit partagé entre le bureau de l’Inscription maritime, l’Amiral de France, le Roi, l’armateur et l’équipage. Le traité de Paris de 1856 met fin à la guerre de course. il reste aujourd’hui la mémoire de ces illustres corsaires basques qui, tels Renau d’Elissagaray ou d’Albarade, devenu ministre de la Marine en 1794, ont contribué à inscrire l’histoire maritime de la France.
Timbre dessiné et gravé en taille-douce par Pierre Forget. Format horizontal 22 x 36mm. Vente anticipée le 13 septembre 1997, à St Jean-de Luz et vente générale le 15 du même mois.
Source: Collection philatélique de la poste.