César .
juillet 26th, 2012César …
Pour le grand public, le nom de César est associé au trophée que l’on remet chaque année aux vedettes du monde cinématographique. Ce que le grand public connaît moins, c’est que le sculpteur marseillais est aussi l’auteur de quelques gestes parmi les plus significatifs de la scène artistique contemporaine. En effet, à la fin des années cinquante, faute de moyens pour travailler à partir de matériaux traditionnels, César découvre la soudure à l’arc et les multiples possibilités offertes par l’assemblage de pièces de métal de toutes sortes récupérées chez les ferrailleurs.
De cette pratique singulière naissent des formes animales, de grandes figures féminines ou encore des bas-reliefs, obtenus par la juxtaposition de petites lamelles, qui l’amènent à se libérer, pour un temps, de toutes les formes de représentation. En 1960, la vue d’une presse à voiture l’incite à réaliser ses propres “compressions”, geste inaugural s’il en fut. ” Compressions dirigées” dira César, qui orchestre toujours l’agencement des formes et des couleurs au moment où la machine s’en empare.
Dès lors, l’artiste applique le principe de compression à nombre de matériaux insolites: feuilles de plexiglas, papier, bois, carton ondulé, tissus et même bijoux. Puis, c’est la vue d’un pantographe à trois dimensions, servant à agrandir très exactement un modèle, qui l’amène à présenter, en 1965, un “Pouce de 14 mètres”. Anti-sculpture, le pouce est également une part emblématique de la main, cette main liée à un besoin essentiel du faire pour un sculpteur qui aime répéter: “ma démarche n’est pas intellectuelle, ce qui importe, c’est une espèce de corps à corps avec la matière.”
Un peu plus tard la mousse de polyuréthane et ses propriétés fascineront César. Il en naîtra les “Expansions”, formes molles, souples, organiques qui se déversent dans la plus totale des libertés. L’artiste les dote au fil des happenings et des découvertes techniques d’un peau nacrée et brillante qui permet de figer les instants magiques d’une aventure expansive que n’a jamais connu la sculpture auparavant. En 1995, la plus spectaculaire des “compressions, 520 tonnes” est présentée, lors de la Biennale de Venise, par la France qui entendait ainsi rendre hommage à un artiste qui, en conjuguant les données d’un imaginaire foisonnant aux improvisations fulgurantes et une passion jamais démentie pour la pratique manuelle, a su livrer quelques-unes des œuvres qui font date dans l’histoire de la sculpture d’aujourd’hui.
Texte de Maïten Bouisset.
Timbre: Le Pouce Bronze poli. Mis en page de l’œuvre par Charles Bridoux. Imprimé en héliogravure. Format vertical: 36,85 x 48mm. Vente anticipé le 13 septembre 1997 à Paris. Vente généralisée le 15 septembre 1997.
Source: Collection philatélique de la Poste.