Centre du futur. Salines de Chaux à Arc-et-Senans
mars 27th, 2013Saline de Chaux à Arc-et-Senans. (Doubs) Centre du futur.
Une dizaine d’œuvres de Claude-Nicolas Ledoux (1736-1803), dans le Bassin Parisien et en Franche-Comté, témoignent encore aujourd’hui de ce grand architecte français du XVIIIème siècle. Il s’agit d’abord d’œuvres classiques, celle d’un Ledoux architecte du roi: un pavillon à Louveciennes et des écuries à Versailles pour Mr Dubarry; l’hôtel d’Halwyll à Paris, un ensemble de pavillons à Eaubonne (dont la mairie actuelle), le château de Bénouville en Normandie, le grenier à sel de Compiègne et le théâtre de Besançon, en grande partie détruit par un incendie en 1958.
Mais Ledoux était aussi un visionnaire hors de son siècle: le théâtre de Besançon est l’un des premiers conçus pour le plus grand nombre et non pour quelques privilégiés. Visionnaire social dont on retrouve ses inspirations dans son ouvrage” L’architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de la législation”, il anticipait aussi sur l’architecture de son temps: on pourra le découvrir dans la “fabrique” du parc de Maupertuis, près de Coulommiers, les propylées de Paris, et surtout la “saline d’Arc-et-Senans” dans le Doubs à 34km au sud de Besançon, près de Dôle et du Jura édifié entre 1775 et 1779.
Des dix bâtiments qui composent un des plus prestigieux ensembles conservés du XVIIIème siècle, Ledoux réalisait une Saline royale pour le traitement du sel, avec les logements de la direction et des différents corps de métiers. La saline alimentée par les eaux du banc salifère de Salins, avait été installée à proximité d”une immense réserve de combustible, la forêt de Chaux. En considérant que le sel serait plus aisément transporté que le bois de chauffage, l’architecte faisait déjà un calcul d’aménagement du territoire et concevait l’un des premier pipe-line, constitué par des troncs d’arbres, remplacé ensuite par une canalisation en fonte.
Imaginées sur des plans, de nombreuses constructions ne purent être exécutées, car il eut fallu faire appel au béton apparu un siècle plus tard. Il s’agissait souvent de bâtiments sphériques tant Ledoux était inspiré par la création, l’organisation et le système solaire. Aux salines mêmes, les bâtiments sont disposés en demi-cercle et voulaient être le centre d’une” ville idéale” répartie tout autour. L’Être suprême et l’Esprit maçonnique furent pour Ledoux des références aussi profondes que l’enthousiasme pour l’industrie et la croyance aux lois de la nature.
Ces Salines royales furent exploitées pendant près d’un siècle par différents propriétaires, le dernier extrayait de la pierre pour les chantiers. Lorsqu’il apprit que le ministre des Beaux- Arts avait décidé de faire classer cet ensemble exceptionnel en 1920 il n’hésita pas à faire sauter 3 bâtiments. Il a fallu plus de 40 ans pour que l’Etat et le département du Doubs puissent lui redonner vie. Nulle autre destinée que celle de devenir un grand centre international de réflexion sur le futur ne pouvait mieux convenir à ce monument. Les bâtiments qui resteront ouverts aux visiteurs , devrait permettre en effet, à des groupes de chercheurs de toutes disciplines de venir scruter les avenirs possibles de nos sociétés humaines, à des horizons de 10,20, 50 années ou plus. Claude -Nicolas Ledoux, qui était à la recherche d’un “futur voulu” et non d’un” futur subi”, trouvera ici le prolongement de son œuvre et de ses anticipations.
Timbre dessiné et gravé en taille-douce par Claude Haley. Format horizontal : 36 x 21,45mm. Vente anticipée à Arc-et-Senans (Doubs) le 26 septembre 1970, vente générale le 28 du même mois et retiré de la vente le 6 août 1971.
Source: Feuillet N°146 du Catalogue CEF Et de l’Argus du timbre. (extraits)
Ci dessous, illustration du portail d’entrée de l’ancienne Saline Royale d’Arc.