Guyane, terre d’espace.
mai 13th, 2013Guyane, Terre de l’Espace.
Le 17 mars 1970 a eu lieu avec succès, depuis le Centre spatial guyanais, le 1er lancement de la fusée “Diamant B”, ce lancement est aussi le premier essai en vol du premier étage (L17) du nouveau lance-satellite français et il constitue donc la dernière phase de la mise au point de la fusée. Cet essai en vol, but de l’opération, a été aussi mis à profit pour satelliser une charge utile allemande et qualifier les installations du centre spatial guyanais.
“DiamantB” est une fusée à 3 étages (le premier à liquide hypergolique, les deux autres à poudres). Sa masse au départ est de 24,6 tonnes; sa longueur de 23,5 mètres. La combustion des 2 premiers étages est suivie d’une phase balistique, à l’apogée de laquelle a lieu la combustion du 3 étage et l’injection sur orbite. Les deux premiers étages sont pilotés suivant un programme d’attitude affiché à l’avance, le 3ème est basculé à l’horizontale locale du point d’injection, puis stabilisé par mise en rotation avant l’allumage.
Le Centre national d’études spatiales (CNES) a confié la maîtrise d’œuvre complète du 1er étage (nommé L17, pour rappeler qu’il s’agit d’une fusée contenant 17,9 tonnes d’ergols liquides) à Nord-Aviation, qui avait fabriqué le 1er étage de “Diamant A”, ainsi que l’étage Coralie de la fusée Europa. Cependant le nouveau moteur (appelé Valois) a été mis au point et qualifié au Laboratoire de recherche balistique et aérodynamique (LRBA) sous contrat direct du CNES. Les autres fournisseurs de “Diamant A” ont été conservés, le 2ème étage est construit pas Nord-Aviation, qui sous-traite à Matra le système de pilotage en phase balistique (système de basculement); la case d’équipement est fabriquée par Matra et la “partie haute”(comprenant le 3ème étage et ses équipements ainsi que la coiffe) est confiée à Sud-Aviation. Quand à l’assemblage final du lanceur, il est fait par le CNES au centre d’achèvement et d’essais des propulseurs et engins (CAEPE), à Saint-Médard-en-Jalles.
Le CNES a gardé comme conseiller la Société pour l’étude et la réalisation d’engins balistiques (SEREB) qui avait eu la responsabilité de “Diamant A” La SEREB joue le rôle ‘”d’ensemblier” sous le triple aspect de bureau d’études d’ensemble, de gestionnaire d’une partie des marchés et de conseiller pour les opérations. Ainsi mise au point, fabriqué, assemblé, contrôlé et lancé depuis la Guyane, “Diamant B” est capable de placer quelques 120kg sur une orbite de 500km d’altitude, dans un plan équatorial. Ses performances seront améliorées à l’avenir par l’adjonction d’un 4ème étage facile à développer. Il sera alors possible, par exemple de mettre sur une orbite circulaire de 1 000km d’altitude une charge utile de 120Kg. La création d’un Centre spatial en Guyane a été confié au mois d’avril 1964 au CNES: la bas d’Hammaguir ne pouvant plus être utilisée après le 1er juillet 1967, selon les accords d’Evian, il fallait à la France un nouveau Centre de lancement dans un avenir très proche.
La Guyane présente la plupart des caractéristiques du site de lancement idéal: sa situation sur 2 et 5° de latitude nord, rend possible le choix de toutes les orbites, depuis les orbites polaires jusqu’aux orbites équatoriales, aucune base existante n’offre cet avantage. Les lancements peuvent avoir lieu dans toutes les directions comprises dans un angle de plus de 120 degrés, notamment vers le nord et l’est; il ne risquent pas d’être perturbés par des ouragans et les secousses sismiques ne sont pas à craindre pour la base; les véhicules spatiaux lancés dans cet angle ne survoleront aucune terre jusqu’à 3 000 kilomètres.
Le pays manquant d’une infrastructure moderne, la France va pouvoir en Créant le centre spatial, dont elle a besoin, contribuer efficacement au développement économique et social de la Guyane, grâce aux aménagements indispensables pour le Centre et utilisables par tous.
Timbre dessiné et gravé en taille- douce par Jacques Combet. Format vertical 21,45 x 36mm. Vente anticipée à Kourou le 28 mars 1970 et générale le 31 du même mois. Retiré de la vente le 9 avril 1971.
Source: Feuillet N0 129 du Catalogue CEF et de l’Argus du timbre. Illustration ci dessous de Combet.