Fragonard
mai 26th, 2013Fragonard
La grâce libre est souvent frivole du XVIIIème siècle n’est que l’élégante parure d’une civilisation raffinée qui, redescendue des sommets spirituels et libérée des nobles contrainte du classicisme, se reconnaît d’abord dans les fêtes exquises de Watteau. Elle s’exprime plus tard en une profusion de tendances: subtiles recherches de dessin et de couleur des Van Loo, la Tour, Lancret ou Nattier, mythologies gracieuses et décoratives de Boucher, sujets moralisateurs de Greuze, puissantes visions de réalité de Chardin. un peu à part,, Fragonard paraît sensible à plusieurs influences, poussé surtout par le profond appel de la vie instinctive; mais la facilité de son métier l’a trop longtemps maintenu parmi les peintres de genre, confinant son œuvre dans les boudoirs, avec la réputation qu’on accorde à l’agrément mineur des sujets galants.
Il semble bien que la mort de Madame de Pompadour ait permis aux individus de suivre leur tempérament: Boucher devient 1er peintre du Roi; Greuze expose au salon en 1765 ses grandes compositions saluées par l’enthousiasme de Diderot; Chardin va produire son Autoportrait aux bésicles, et Fragonard, après l’Etude, exécute pour Madame de Barry les 5 panneaux des Progrès de l’Amour, trouvant la voie qu’il suivra pendant de nombreuses années et qui l’enrichira. Ruiné par la révolution, il sera nommée par l’Assemblée nationale parmi les directeurs du musée qui deviendra notre Louvre. Il mourra à Paris presqu’en même temps que Greuze, quand s’édifient deux arcs triomphaux, celui de Percier et Fontaine au Carrousel et celui de Chalgrin au sommet de la colline de Chaillot, où s’allume déjà l’étoile du style Empire.
Fragonard est donc au tournant de sa carrière, il a environ 35 ans, lorsqu’il peint ce Portrait de jeune fille, dit “l’étude ou le Chant”, qui est un des chef-d’œuvre du musée du Louvre. L’explication du titre s’explique bien, puisqu’il ne s’agit pas d’un véritable portrait mais d’une composition symbolique. Et pourtant le maintien, les gestes, l’expression portent la marque du goût de Fragonard pour la vie, son mouvement spontané, sa splendeur épanouie.
La facture est d’une étourdissante virtuosité, sans paraître aussi rapide que celle de la Musique, dont on sait qu’elle fut exécutée en 1 heure. La composition est nerveuse, ponctuée par la diagonale et les appuis. Le jaillissement sensuel du buste et de la tête est prolongé par l’envol de la collerette. Enfin l’exécution colorée prouve le brillant travail qui, après 2 siècles, laisse à l’œuvre sa fraîcheur et son charme inaltérable.
Timbre dessiné et gravé en taille- douce par Claude Durrens. D’après un tableau de jean-Honoré Fragonard. ‘L’Etude ou le Chant”. Format vertical 36,85 x 48mm. Vente anticipée à Paris les 22 janvier 1972, vente générale le 24 du même mois et retiré de la vente, le 19 janvier 1973.
Source ! Feuillet N° 187 du catalogue CEF. Illustré pas le tableau ci dessous:” l’écurie de l’âne” Non daté.