Cité de Verdun.Terville. Rue Ribot 57180
décembre 3rd, 2006Ceci est la cité de Verdun, qui jouxtait l’usine.
Cette cité a été bâti après la guerre 14-18, d’où son nom, pour y loger les ouvriers de l’usine. Un peu plus loin, il y avait une autre cité, un peu sur le même modèle, où logeaient les contremaîtres et autres « gradés » et à Thionville même, celle des employés et des cadres. A l’époque, les salariés étaient toujours plus ou moins séparés. D’ailleurs, de tout temps, il y a eu dans les syndicats des sections ouvriers, employés et cadres. Est-ce un bien ? Je n’en suis pas sûr.
Quand je me suis marié la première fois, j’ai donc habité dans cette cité, puisque ma femme y habitait avec sa mère. Remariée avec un veuf, père de 2 enfants, elle n’a eu que cet enfant. Les autres mariés ou vivant déjà ailleurs, mon ex- femme a décidé de rester avec sa mère. Avec qui je m’entendais d’ailleurs très bien, même s’il fallait ne parler qu’allemand, puisqu’elle était sarroise.
Ces logements étaient identiques. Une entrée individuelle, avec un couloir qui desservait à main droite, un cellier où était entreposé surtout : l’anthracite, plaquette et bois. Ensuite, les escaliers pour monter au premier et unique étage, puis les W-C. En bout la cuisine, très petite. A main gauche, le salon et la salle à manger. L’escalier donnait sur un minuscule palier qui donnait accès à deux chambres (au dessus des deux pièces du bas et du même gabarit) et de chaque côté, une petite soupente avec velux, dont j’ai aménagé l’une pour servir de chambre à mon fils ainé, que j’ai eu un peu après ma sortie du service militaire.
Il n’y avait pas de douche ou de salle d’eau. Tous les ouvriers prenaient leur douche à l’usine et même souvent s’y rasaient. Mais il y avaient, ce que nous appelions « l’Infirmerie », grande bâtisse, qui rassemblait une multitude de service tous dépendant de l’usine. En premier, bien sûr, l’infirmerie avec infirmière et où, à l’exclusion des radios, les ouvriers passaient leur visite médicale. Le toubib étant bien sûr, complètement attaché à l’usine. Une bibliothèque (2 après midi par semaine). Une assistance sociale. Et au rez- de-chaussée, se trouvaient, une grande salle de douches pour hommes, et une autre pour femme. Il y avait aussi 3 petites pièces avec baignoires (pour les enfants ou personnes âgées). C’était le « royaume »de ma belle-mère qui y a « officié » après le décès de son mari, pendant des années. Elle nettoyait après chaque douche, ou bain.
A côté, se trouvait un magasin appartenant à l’usine. Il y en avait plusieurs disséminés dans les cités et même devant les portiers d’usines les plus importants, où les cars, venaient 3 fois par jour, à chaque changement de poste, déverser leur cargaison d’ouvriers et réembarquer ceux qui finissaient leur poste. Devant le portier 1, le plus important, se trouvaient 3 cafés, où les gars (prenant ou sortant de poste) buvaient leurs café-Schnaps le matin ou leurs bière-Schnaps le tantôt, avec la complicité des chauffeurs de bus, qui leurs laissaient quelques temps, pour se désaltérer.
Voilà, le décors est planté, c’est dans cette cité que j’ai passé 10 années de ma vie, où tout le monde se connaissait, s’appréciait ou se haïssait. Où les nationalités se mélangeaient : Français, polonais, italiens etc. Où tout le monde était logeait à la même enseigne. Où, vous étiez épié et soupesé et où il est difficile de leurrer longtemps son monde, en peu de temps, vous étiez catalogué : bon à fréquenter ou à jeter aux orties.
Même si elle n’avait pas cette physionomie, les maisons étaient ainsi, les clôtures exactement celles-ci, seul le mâchefer qui garnissait les trottoirs était remplacé par des gravillons blancs.
A dimanche prochain pour la suite !