Usine. Vue de nuit.
décembre 17th, 2006
Voici une photo d’usine prise la nuit. N’ayant pas trouver de photo de l’usine Lorraine-Escaut, je vous en mets une de l’usine De Wendel d’Hayange, qui se trouvait à quelques kilomètres (10 ou 12 environ) de celle où j’allais travailler. Toutes les usines avaient sensiblement la même physionomie de nuit, peut être un peu moins concentrée, suivant l’étendue du terrain qu’elle occupait.
Je me suis donc présenté le lundi matin, comme convenu à 5 heures 30. Je connaissais déjà quelques gars qui habitaient la cité de Verdun. Le « pointeau » (non pas l’outil mais le gars qui relevait les cartes de pointage, et inscrivait les heures sur un registre) me fait entrer dans son bureau, prend mes coordonnées (Etat civil, N° de SS, adresse, etc.) et me mène chez le magasinier, après m’avoir remis et fait signer le règlement intérieur de l’usine.
Celui-ci me remet tout l’outillage adéquat à la profession, ainsi que 2 bleus de travail, un casque, gants en amiante, lunettes de sécurité et une capote militaire ainsi qu’une paire de sabots et une paire de chaussons spéciale pour mettre avec les sabots. Devant mon étonnement, il m’a dit : « ne t’en fais pas tu vas vite comprendre à quoi ils vont te servir ! » et il m’accompagne au vestiaire.
Là, je suis littéralement tombé sur le cul. Le vestiaire était une grande baraque en tôle, comme nous en voyions beaucoup, à l’époque, dans les camps militaires américains. Dans son mitan, quelques cubilots pour chauffer en hiver, et de chaque côtés, les armoires-vestiaire. Elles devaient toutes datées de l’après guerre 14-18. Et en fond de baraque, il y avait un appendice du même modèle, où chaque compagnon avait une petite armoire pour y mettre son outillage personnel. Sur un des côtés, venait se greffer, un autre appendice (toujours du même modèle) avec lavabos et quelques douches). En tout, compagnons, manœuvres, conducteurs d’engins, nous étions bien à 80 gars, là dedans. Même si nous étions moins nombreux dedans en même temps, puisque nous étions postés en 3/8. Mais à chaque relève, il y avait deux équipes en même temps.
Mon premier travail a été de demander à un gars que je connaissais : « Qui est le délégué ici. »-« Justement il est du matin, c’est : Quarto, là bas. » Je vais donc voir ce gars et je lui demande : « de quel syndicat es tu ? »-« CFTC. »-« Il n’y a pas de délégué CGT ? »-« Ici non, si tu veux prendre ta carte à la CGT, il faut que tu ailles à la forge-usinage, juste derrière. Il y a le secrétaire de la CGT qui y travaille » Ce que je fis pendant les 20 minutes de casse-croute, et là, j’eus la surprise de tomber sur un gars qui était au MLP, tout comme moi. Je venais, sans le savoir encore, de m’engager dans une période infernale pleine : de joie, de luttes et de coups à recevoir. Mais ça, c’est une autre histoire.