Coulée d’un convertisseur
janvier 28th, 2007
Le journal était lancé, il nous fallait maintenant agrandir l’audience du syndicat dans tous les services où il était absent. Les prochaines élections des délégués du personnel devait nous le permettre, encore fallait il trouver les gars voulant bien s’y atteler, là où nous en avions besoin.
Nous avons donc décidé de nous adresser directement aux ouvriers de ces services ou ateliers. La décision fut prise de faire des réunions, en dehors des heures de travail, par atelier. Les faire venir pour seulement désigner leurs délégués, non seulement était aguicheur, mais pas sérieux. Les gars n’allaient pas se déplacer après 8 heures de travail, uniquement pour ça. Il fallait donc les obliger à se prendre en mains et ne pas compter en toute occasion, que sur les délégués. Alors, nous les invitions à venir aborder avec nous les problèmes les concernant. (Salaires, sécurité, condition de travail, etc.)
En nous servant du journal, et leurs rendant visite sur leur lieu de travail, nous avons lancé la première réunion à l’aciérie. Nous avions retenu une salle dans un café, tout près de l’usine. Nous étions à 3 délégués : le secrétaire, le trésorier, et moi-même. A 14 heures 30, nous avons commencé la réunion en présence de 8 gars. Je n’ai réalisé qu’à ce moment là, que nous n’avions pas bien étudié la situation.
Les 70% des métallos étaient postés sur 3/8 : (6 à 14 h ; 14 à 22 h et 22 à 6 heures. De plus, beaucoup étaient logeaient par l’usine, à plus de 20km, dans des cités- logements, des officiers et Sous-Offs, que l’armée avaient vendu ou loué à l’usine. Les ouvriers habitants les cités limitrophes à l’usine, venaient à pieds, vélo ou moto. A part quelques 4 chevaux, rare était l’ouvrier possédant une voiture.
Pour ces gens habitants loin de l’usine, la direction avait mis une desserte de cars à leur disposition, qui les embarquaient tout au long du trajet : cité–usine ainsi que ceux qui habitaient sur le trajet. Ces cars, une quinzaine à peu près, les déposaient devant les portiers 1 et 6 de l’usine, une demi heure avant la prise de poste, ils attendaient le poste descendant, pour ramener les gars chez eux. Voilà notre erreur : ne pas y avoir penser.
Nous avons donc tenu cette réunion, avons demandé aux 8 gars de nous parler de leurs problèmes et revendications, en un mot, dire tout ce qu’ils avaient sur la « patate » et croyaient moi, c’était du lourd. Nous en avons aussi pris plein les narines. Petit à petit, le climat s’est détendu, nous avons abordé tous les problèmes, pris notes et leurs avons fixé une nouvelle réunion, mais en changeant notre fusil d’épaule. Nous leurs avons demandé de voir avec les collègues, s’ils étaient d’accord à assister à une réunion, là où ils habitaient, que nous étions près à nous y rendre, et que pour eux qui habitaient près de l’usine, nous pouvions les y emmener, soit en motos, soit avec les 2 quatre chevaux que possédaient deux des délégués. Nous leurs avons demandé, de voir avec leurs copains, lequel ou lesquels d’entre eux, seraient susceptibles de les représenter sur la liste de délégués. Qui peut le mieux désigner ce gars, si ce n’est ceux qui travaillent avec lui !
Les réunions se sont suivies, services par service et ça marchait très bien. Les gars accrochaient. Nous leurs avons demandé de bien étudier leurs revendications, les étayer, les quantifier si nécessaire, en un mot, ne pas se laisser clouer le bec, par la direction et ses conseillers, dès les premiers mots, et si possible d’inverser les rôles, les mettre eux en difficulté. Ne pas commencer avec la grosse artillerie, mais les petites revendications pour s’habituer à devenir des gagnants, en un mot : commencer par les hors d’œuvre avant d’attaquer les plats de résistance. Si le délégué qu’ils s’étaient choisis se sentait apte à défendre leur revendication, il en serait chargé, sinon un gars du bureau serait mis à leur disposition pour les aider et la présenter en réunion de délégués.
La machine était lancée et il ne fallait pas qu’elle s’emballe. Etablir une base solide pour ne pas se ramasser à la première charge. Il fallait bien compter, compte tenu de l’importance du complexe industriel, 3 à 4 mois, c’est-à-dire jusqu’après les élections. Vous dire que j’adorais ce climat…..c’ est inutile.