
Armistice ‘’Front d’Orient ‘’.
Le Front d’Orient
Le 28 juin 1914, l’archiduc héritier d’Autriche-Hongrie est assassiné. L’attentat a lieu à Sarajevo, capitale de la Bosnie, province autrichienne peuplée majoritairement de Serbes. Le meurtrier est un jeune étudiant bosniaque, membre d’une société secrète nationaliste serbe.
Depuis dix ans, les relations entre l’empire d’Autriche et le petit royaume de Serbie sont particulièrement tendues. En 1903, un coup d’État a installé sur le trône Pierre 1er Karageorgevitch, qui a aussitôt rompu avec la politique de soumission à l’Autriche menée depuis 1882. Il a donné le pouvoir aux patriotes radicaux, et à leur chef, Pachitch. Russophile et francophile, il a placé résolument son pays du côté de la Triple Entente. La propagande nationale serbe s ‘est développée, réclamant le rattachement à la Serbie des provinces autrichiennes peuplées de Serbes – la Bosnie-Herzégovine et le Banat – et envisageant aussi une union avec les Croates et les Slovènes, eux aussi sous domination de l’Autriche-Hongrie.
Cette dernière, qui lors des précédentes crises balkaniques de 1908, 1912, 1913, a vainement cherché à éliminer le danger serbe, est cette fois décidée à régler définitivement le problème. Assurée du soutien allemand, elle lance à la Serbie un ultimatum inacceptable, qui est rejeté, et lui déclare la guerre. La Russie, puis la France, soutiennent la Serbie. La Première Guerre mondiale est déclenchée.
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Alors que les opérations s’engagent à l’ouest, sur le front français, et à l’est, sur le front russe, la petite Serbie reste seule face à l’Autriche qui l’attaque. Elle fait face. Entre le 12 et le 23 août, sous la direction du général Poutnik, généralissime serbe, et des généraux Michitch, Stepanovitch, Yourichitch, l’armée serbe résiste à l’offensive ennemie venue du nord-ouest, coupe en deux l’armée autrichienne à la bataille du Tser, et lance une contre-attaque victorieuse qui la mène à quelques kilomètres de Sarajevo.
En novembre, une nouvelle offensive ennemie, plus puissante, oblige les Serbes à reculer. Le front menaçant de craquer, ceux-ci rompent le contact, abandonnent Belgrade, et s’établissent en défensive sur une ligne de hauteurs, à une centaine de kilomètres à l’intérieur de leur territoire. Ils y arrêtent les Autrichiens, contre-attaquent en décembre, et percent une nouvelle fois les forces ennemies au centre. C’est le victoire du Roudnik.
Les Autrichiens refluent en désordre, abandonnant près de 50.000 prisonniers ; leur chef le général Potorek, est relevé de son commandement. Le front est stabilisé durablement sur la frontière.
Dix mois plus tard, en octobre 1915, une nouvelle bataille s’engage. Les Allemands sont venus renforcer les Autrichiens, et attaquent les premiers. L’offensive se développe cette fois du nord au sud. Les Bulgares, qui viennent tout juste d’entrer en guerre, attaquent par l’est. Les Serbes, toujours seuls, pris en tenaille, submergés par le nombre, luttent pied à pied, mais sont bientôt obligés de faire retraite vers le sud pour éviter l’encerclement. Ils refluent vers la mer Adriatique, à travers le Monténégro et l’Albanie. La marine française recueille l’armée serbe sur ses navires. Le territoire a été complètement envahi en huit semaines.
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Dès le début de l’année 1915, les Alliés avaient envisagé d’envoyer un corps expéditionnaire renforcer l’héroïque armée serbe. Mais ils ne s’y sont décidés que trop tard. Quelques troupes françaises et anglaises, sous le commandement du général Sarrail, ont débarqué début octobre, dans le port de Salonique, en Grèce, malgré la neutralité de ce pays. Elles se sont portées au secours de la Serbie, dont la frontière sud n’est qu’à 80 kilomètres de Salonique. Mais les franco-anglais sont trop peu nombreux ; et il n’est plus temps. Ils sont obligés de se replier et s’installent en défensive, en territoire grec entre la frontière et la mer.
Le corps expéditionnaire, baptisé «Armée d’Orient», est alors renforcé par de nouvelles troupes françaises et anglaises, par des Russes et des Italiens, et surtout par l’armée serbe embarquée sur la côte adriatique après l’invasion du pays.
En 1916, après avoir contenu en août une offensive germano-bulgare lancée de toutes parts contre la tête de pont alliée, Sarrail attaque sur ordre de Joffre, en septembre : pendant que les Anglais et les Italiens font diversion en Macédoine orientale, face à la Bulgarie, les troupes de Macédoine occidentale s’engagent en direction du nord. Les Serbes percent dans la zone montagneuse qui borde à l’ouest le bac d’Ostrovo ; les Français exploitent avec eux le succès. Ils entrent dans Monastir, à l’extrême sud de la Serbie, le 17 novembre. Malheureusement, le manque de moyens et les intempéries empêchent de poursuivre plus loin l’avantage : le front se fige sur plusieurs mois sur la ligne qui vient d’être atteinte. Un lambeau de territoire serbe a cependant été libéré.
Après l’entrée en guerre de la Grèce aux côtés de l’Entente, à la fin de 1917, l’Armée d’Orient est composée de 650.000 hommes : 210.000 français, 157.000 Grecs, 138.000 Anglais, 120.000 Serbes et 44.000 Italiens. Le commandement est désormais assuré par le général Guillaumat puis, à partir de juin 1918, par Franchet d’Esperey.
Après des retards dus aux réticences britanniques, une offensive est enfin décidée pour le début du mois de septembre. Elle se révélera décisive. Le plan établi par Guillaumat, affiné par Franchet d’Esperey, s’inspire de l’offensive de Sarrail en 1916. Le 15, à l’aube, les Français et les Serbes attaquent dans la zone montagneuse du sud de la Macédoine serbe. En une journée le front est percé. Les Bulgares et les Allemands refluent vers le nord-est. La cavalerie française exploite au plus loin et atteint Uskub le 29 septembre tandis que les Serbes entrent dans Veles. Le même jour, la Bulgarie sollicite l’armistice qui est aussitôt signé.
L’Armée bulgare cessant le combat, les troupes allemandes sont obligées de faire retraite, abandonnant tout le territoire serbe. Franchet d’Esperey, sans perdre un instant, développe son offensive vers le nord, en direction de Belgrade, où les Français et les Serbes entrent le 1er novembre, vers le nord-est en direction de la Roumanie, vers l’est en direction de Constantinople.
La Turquie capitule le 30 octobre. Trois jours plus tard, l’Autriche signe à son tour l’armistice. Les troupes franco-serbes franchissent alors le Danube, entrent en Hongrie et progressent en direction de l’Allemagne. Celles-ci, désormais seule à résister encore, en proie aux plus graves difficultés sur le front français, accepte à son tour l’armistice le 11 novembre.
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C’est la victoire. Une victoire dans laquelle l’Armée d’Orient, de Franchet d’Esperey, a pris une large part.
Francis Choisel
PS: un peu long comme sujet; mais qui connaissait ce fait de guerre qui s’est passé en même temps que celui qui a ensanglanté la France. Nous pouvons donc dire que presque toute l’Europe était engagée dans ces sanglantes batailles.