Le 1er mai, c’est surtout…ça …..
avril 30th, 2010LE PREMIER MAI 1891.
Le premier 1891, à Fourmies, le beau temps est au rendez-vous en ce premier jour du “mois de Marie”, un vendredi. Sur les haies du bocage, l’aubépine veut fleurir. Les amoureux ont cueilli des rameaux de frêle blancheur pour les fiancées. Quoi qu’il arrive, les jeunes seront les héros de la fête.
La scène du théâtre est prête: une esplanade rehaussée où la mairie, l’église et des estaminets invitent aux allées et venues, au rassemblement et aux harangues.
A 9 heures, après une échauffourée avec les gendarmes à cheval, quatre manifestants sont arrêtés. Des renforts sont demandés à la sous-préfecture qui envoie en renfort deux compagnies du 145e de ligne casernée à Maubeuge. Le 84e RI d’Avesnes est déjà sur place.
Dès lors le premier slogan : ” c’est les huit heures qu’il nous faut ” est suivi par ” c’est nos frères qu’il nous faut “.
18h15 : 150 à 200 manifestants arrivent sur la place et font face aux 300 soldats équipés du nouveau fusil Lebel qui contient de 9 balles (une dans le canon et huit en magasin) de calibre 8 mm. Ces balles peuvent, quand la distance n’excède pas 100 mètres, traverser trois corps humains sans perdre d’efficacité. Les cailloux volent ; la foule pousse. Pour se libérer, le commandant Chapus fait tirer en l’air. Rien ne change. Il crie : ” baïonnette ! En avant ! ” Collés contre la foule, les trente soldats, pour exécuter l’ordre, doivent faire un pas en arrière. Ce geste est pris par les jeunes manifestants pour une première victoire. Kléber Giloteaux, leur porte drapeau s’avance.
Il est presque 18h25….le commandant Chapus s’écrie : ” feu !feu !feu rapide ! visez le porte-drapeau ! ”
Neufs morts, trente cinq blessés (au moins) en quarante cinq secondes. C’était à Fourmies le premier mai 1891.
Maria Blondeau, 18 ans tuée à bout portant, les yeux dans les yeux de son exécuteur, d’une balle dans la tête
Louise Hublet 20 ans deux balles au front et une dans l’oreille
Ernestine Diot 17 ans une balle dans l’Å“il droit, une dans le cou, son corps contient cinq balles
Félicie Tonnelier 16 ans une balle dans l’Å“il gauche et trois autres dans la tête
Kléber Giloteaux 19 ans trois balles dans la poitrine et deux autres dont une à l’épaule
Charles Leroy 20 ans trois balles
Emile Ségaux 30 ans cinq balles
Gustave Pestiaux 14 ans deux balles dans la tête et une à la poitrine
Emile Cornaille 11 ans une balle dans le cœur
Camille Latour 46 ans commotionné après avoir assisté à la fusillade, décédera le lendemain
Charles Leroy, Emile Ségaux, Gustave Pestiaux et Emile Cornaille ne participaient pas à la manifestation et furent atteints par des balles qui ne leurs étaient pas destinées.
Ils seront inhumés le 4 mai.
Ne jamais oublier que le progrès social, tant vanté pour sa protection en cette période de crise, par ceux qui nous le cassent maintenant, nous l’avons obtenu par le sang de certains et le dévouement des autres. Rien n’a été lâché de bon cœur par le patronat et ceux qui nous gouvernent. Ce n’est pas que la journée du muguet, mais la journée de revendication des travailleurs.
Pour la première fois, les syndicats de toutes les usines de Caterpillar disséminées de par le monde se sont réunis ces deux derniers jours à Grenoble. Souhaitons que ce soit un tournant pour les revendications des salariés. Tous ont le même ‘’patron’’ ou plutôt ‘’actionnaires’’ sur le râble, autant qu’ils parlent eux aussi d’une seule voix !