
Notre Dame de Louviers
Pour les Lovériens de vieille souche, Notre-Dame, c’est encore « la cathédrale ». En fait, Louviers n’a jamais été le siège d’un évêché bien que la seigneurie de Louviers ait été léguée en dédommagement à l’archevêque de Rouen lors de « l’échange d’Andeli ». Sans doute faut-il plutôt voir dans cette appellation une façon de distinguer la paroisse la plus riche des trois autres.
La pose de la première pierre de l’édifice, extraite des carrières de la rue du Neubourg, remonte à 1197 et dès 1240 il est achevé dans ses parties essentielles (chœur, nef, deux bas-côtés et un transept surmonté d’une tour-lanterne, au-dessus duquel on érige une flèche orgueilleuse de cinquante mètres de haut).
La guerre de Cent Ans endommage l’église, incendiée en 1346. En 1413, avec des préoccupations plus militaires que religieuses, on dresse la Tour-beffroi de l’ouest.
Puis c’est l’époque de l’enrichissement de la ville et de l’industrie textile florissante : on embellit alors l’église, elle est agrandie, les collatéraux sont repris et les façades septentrionale et occidentale sont remaniées (1420).
Au XVIe siècle, avec l’édification du magnifique porche gothique flamboyant, elle se tourne résolument vers le sud et les quartiers qui font alors la prospérité économique de la cité.
C’est sous cette forme que nous pouvons l’admirer maintenant, miraculée des bombardements de 1940 qui soulèvent le porche de 1,50m, à ceci près que les constructions qui la flanquaient au sud-est, pour abriter habitations et boutiques ont disparu et que la flèche, reconstruite en 1379, est définitivement fauchée en 1705 sous la poussée d’un ouragan.
Des périodes fastes des XVe et XVIe siècles, notre église recèle de nombreuses richesses, statues, retables, verrières élaborées par les plus grands maîtres : Arnaud de Nimègue, à l’origine d’une école de Rouen du vitrail au XVe et Enguerrand Leprince, maître de l’école de Beauvais au XVIème (seul le vitrail Est, œuvre du maître Barillé est contemporain et date de 1962).
En haut d’un pilier du chœur (et on le retrouve sous le porche), il faut remarquer le curieux « bonhomme Louviers », baptisé « le maqueu de soupe ». Il symboliserait l’attachement des Lovériens aux plaisirs de la table, en souvenir plaisant de la prise de la ville par Biron, lieutenant d’Henri IV, alors que la garnison dégustait tranquillement sa soupe…
Enfin, on ne quittera pas les lieux sans admirer l’orgue de 3138 tuyaux et de 49 jeux, en provenance de l’abbaye de Bonport et sur lequel, le célèbre Maurice Duruflé, natif de Louviers, exerça ses précoces talents.
Texte de Claude Blanluet.
L’église Notre-Dame de Louviers est connue pour son fantastique décor flamboyant, mais elle conserve également de la période faste de la fin du Moyen Age et de la Renaissance, une importante série de vitraux. Les corporations de la ville, les drapiers, mégissiers ou tanneurs ont rivalisé de générosité avec les familles de l’aristocratie, comme les Le Forrestier ou les Le Roux de Bourghteroulde, afin de donner à l’édifice une parure de verre digne de son écrin de pierre. Les auteurs de ces verrières, aisément lisibles car proches de l’oeil, figurent parmi les meilleurs peintre-verriers du temps : Arnoult de Nimègue, Engrand et Nicolas Le Prince de Beauvais.