Cette photo, plutôt qu’une autre, tout simplement pour rappeler que 270 familles ont vu les leurs enterrés dans une fosse commune, appelée « silo » par les mineurs, car ils n’ont pu être identifiés.
Ce jour là, 1800 mineurs descendent dans les entrailles de la terre. Quelques mineurs, devant la nervosité anormale des chevaux, ne le font pas. Signe qui confirme les analyses de Pierre Simon, délégué mineur, qui depuis quelques jours signale la présence de poussière de charbon dans les galeries, et note, une semaine auparavant, « il serait urgent de faire une trouée….on suffoque ! » Pire encore, depuis quelques jours un incendie couvait à la cote-180, qui était susceptible de dégager du gaz hautement inflammable. L’ouvrier propose d’inonder la veine, « ce qui occasionnerait un arrêt de travail de 2 à 3 jours », la direction refuse et préfère « emmurer » le feu. D’ailleurs, la mine est réputée si sûr, que les mineurs ne sont pas équipés de lampes de sécurité Wolf, mais de simples lampes à huile à feu nu.
A 6 h 30, les rares hommes qui sont encore sur le carreau de la mine, entendent une première explosion, assez faible, puis une séries de bruits sourds, c’est la progression de cet ouragan de feu, qui ravage en quelques instants 110km de galeries. Un instant plus tard, une poignée d’hommes hagards surgissent du puits II, persuadés qu’ils sont les seuls survivants à être sortis de cet enfer. Les secours s’organisent immédiatement et des mineurs de Westphalie viennent en aide à leurs collègues français. 600 rescapés, blessés pour la plupart, seront extraits par les sauveteurs. Alors que seulement 100 de corps ont été remonté et que les mineurs pensent qu’au moins 800 ont pu survivrent dans les galeries, la compagnie annonce qu’elle interrompt les recherches. Les mineurs ne sont pas d’accord et veulent poursuivre les recherches.
Avec l’appui du gouvernement de Clémenceau, qui fait intervenir l’armée, un face à face se développe sur les corons. Voilà que ce produit un événement qui donne raison à la conscience civique des mineurs, le 30 mars 13 « hommes » (oui, car les deux plus jeunes n’ont que 13 ans), sortent par un puit d’aération. Pendant 20 jours, dans l’obscurité totale, enjambant les cadavres des chevaux et de leurs camarades, mangeant l’avoine et les cadavres des chevaux, allant même jusqu’à boire leur urine, ils ont avancés avec espoir. Ils ont même dû, à la pioche, démolir le mur qui barricadait la porte de sortie de la galerie. Le lendemain, un autre rescapé jaillit de ce tombeau, ainsi que sont retrouvés 3 chevaux vivants. Alors la grève s’intensifie et se propage à tout le bassin du nord, plus de 50 000 mineurs débraillent. Les compagnies qui partagent entre 6 à 7 millions de francs –or aux actionnaires, et Clémenceau qui fait propagé que ce mouvement est un complot « bonapartisto-communiste », font arrêter les mineurs syndicalistes (mais pas le permanent qui est tout simplement aussi député). Clémenceau fait saisir le registre où sont inscrites toutes les remarques des délégués mineurs, en ce qui concernent le travail et la sécurité.
Et dans le même temps, fait intervenir la cavalerie, appuyée par un régiment de fantassins. Le 8 mai 1906, les mineurs reprennent le travail, avec comme seuls acquits : une augmentation de salaire de 10%, ce qui les ramène à celui qu’ils avaient en 1902 (non ! ce n’est pas une erreur) et la garantie leurs a été donné, du respect à leur « liberté de conscience ». La compagnie, elle se trouve laver de toutes responsabilités et exempter de poursuite. Il y aurait donc eu 1099 victimes, parmi lesquelles des enfants, dont le plus jeune n’avait que 10 ans. Beaucoup de ces jeunes avaient été « placés » par les services de l’assistance publique de l’Oise. (Pourquoi de l’Oise ?)
Cette catastrophe annoncée, aura non seulement fait 1099 victimes, mais aussi 562 veuves et 1133 orphelins. Pour qu’elle soit honnête, une commémoration se doit d’être complète.
Depuis, il y a eu les maladies professionnelles, infligées aux travailleurs alors que les instances économiques et politiques connaissaient les risques courus par les ouvriers pratiquants certains métiers. C’est aussi mortel, mais moins « frappant », il n’y a donc rien de changer, malgré un siècle passé !!