Chantier à Bourg-les-Valences. 1969.
octobre 31st, 2009La photo de ces fours, prise sur le net, représente des fours à trempe. Je n’ai pas eu à en faire, mais des ressemblants. Ceux-ci sont modernes et automatisés.
Mon premier chantier solitaire, que je fais depuis que je suis à Grenoble, est un four à bain de sel, à la MGM (Manufacture Générale de Munitions) à Bourg les Valences. J’en avais déjà fait en atelier, des neufs. Ils en existent plusieurs modèles. Certains à cuves en fonte, d’autres en briques spéciales réfractaires. Des rectangulaires et des ronds. Celui que je devais faire, était rectangulaire avec cuve en fonte, et doubles électrodes immergées dans le bain.
Normalement, on les refait parce que la cuve ou le briquetage est percé et que le bain s’est répandu à travers le briquetage. Il faut donc démolir au marteau- piqueur. A l’atelier, j’avais remarqué que les 4 parties du blindage étaient assemblées aux angles, par de grosses tiges verrouillées en haut et en bas. Je demande à un mécano s’il avait une assez grosse clé pour enlever les boulons de la face avant. Il en a trouvé une et après plusieurs pulvérisations de dégrippant nous avons pu enlever le devant.
Plutôt que de prendre le marteau-piqueur, je demande une pioche, et j’enlève toute la partie isolation en briques diatomées très friables. Je fais de même en dessous de la cuve, qui contenait encore les électrodes soudées avec le bain de sel de cyanure figé. Lorsqu’il y eut assez de place pour introduire les fourches d’un gros élévateur, nous avons, en y allant doucement et avec un coup de pioche ici ou là, enlevé la totalité du four. Il ne restait plus qu’à dégager tout le blindage, remettre la face avant, examiner le blindage, le gratter et mettre une couche de minium. En une journée, la démolition était faite, et……. 12 heures gagnées.
Avec deux tréteaux et quelques madriers à hauteur du four, je pouvais mettre tous les matériaux à portée de main. J’ai fait toutes mes coupes de briques, après avoir fait les 2 premières assisses. Après c’est la routine.
J’avais trouvé une pension, en bas de la côte juste à un feu tricolore, et à quelques mètres d’un pont SNCF, la chambre donnant sur l’arrière, je n’étais pas tellement dérangé. Il n’y avait qu’un seul pensionnaire, moi, car il n’y avait qu’une chambre. Une petite rue longeait une usine sur le côté et le soir, certains habitués y faisaient une pétanque. Au bout de 2 jours, j’ai complété une équipe et j’ai pris mes premières Fanny. Par la suite, ça allait mieux, je ne tirais pas mais je pointais, et je me suis aperçu que mon dieu, j’étais un assez bon pointeur. (Pas de ricanement surtout, de la part des esprits mal tournés.)
Comme le ‘’boulot ‘’ avançait bien, (et oui, je ne traîne jamais sur le ‘’morceau ‘’) (Pas de trivialité SVP), tous les soirs vers 18 heures, j’étais douché et me jetais une petite bière. Après les gars arrivaient et c’était le Ricard, heureusement des môminettes. Parfois si je venais plus tard, j’avais autant de verres que de tournées déjà éclusées, qui m’attendaient. Il fallait avoir la santé !! Comme Eliane était en vacances chez ses parents, je suis resté cette fin de semaine ; et le dimanche matin, j’ai fait le marché avec le patron du café, où il avait un étal, son deuxième travail. J’ai gagné sur ce chantier 20 heures.
Je suis retourné, quelques années plus tard, faire le même four, mais chez Spit, qui les avait achetés à la MGM. J’avais demandé à mon nouveau patron de Voiron, 3 semaines de congés, car mes beaux-parents et les deux sœurs à ma belle –mère (les 3 grâces réunies) venaient chez nous. Il n’a pas pu me les donner. Le café avait changé de proprio, et j’ai pris pension à quelques mètres de chez Spit. J’avais passé un contrat avec ‘’ le Mammouth ‘’ surnom que je donnais à ce patron qui m’appelait ‘’le gros ‘’ : ‘’Chantier fini, toutes les heures et déplacements payées’’. J’ai commencé le lundi 10 heures et le samedi 20 heures j’étais à la maison. Juste deux bouteilles de Ricard aux gars de l’usine pour qu’ils me mettent sur l’échaudage les matériaux qu’il me fallait, et croyez moi, (c’était au mois d’août,) j’étais en nage toute la journée. 13 à 14 heures par jour.
Je dois aussi dire que, quand j’ai quitté le patron de Grenoble, j’ai emmené chez mon boss de Voiron, quelques uns de ‘’mes clients’’, dont cette usine de fabrications de fours.