Pavillon de la CGT à la XXIIème foire de Marseille.
février 18th, 20111944, 1945, 1946 : des nationalisations bonnes ou mauvaises ?
Un retour sur la période fondatrice du secteur public à la française peut éclairer le débat sur le devenir des services publics.
Extrait de l’article Le gouvernement se désengage des entreprises publiques et renoue avec les privatisations. Moment propice à un retour sur les nationalisations d’après-guerre. Depuis le début du 20e siècle, elles sont un objet de la lutte des classes et l’importance de leur enjeu les replace sans cesse sur le devant de la scène publique. Il n’y a pas eu une exigence constante de nationalisations de la part des forces syndicales et politiques représentant la classe ouvrière. Il n’y a pas non plus une opposition permanente de la part des forces capitalistes et de l’État.
Dès la fin du 19e siècle, ce sujet préoccupe les théoriciens de l’exploitation capitaliste. Certains d’entre eux posent un préalable aux nationalisations : la révolution. Car nationaliser avant la révolution, disent-ils, c’est renforcer le capital. « L’État moderne est essentiellement capitaliste. Plus il s’approprie de forces productives, plus il devient un capitaliste collectif, plus il exploite de citoyens… il est poussé à l’extrême. »
C’est la thèse de Engels dans son ouvrage « anti-Dürhing ». Elle s’est concrétisée dans les années 1950 où l’État a joué un rôle prédominant dans la gestion de l’économie avec le « capitalisme monopoliste d’État ». Mais Engels influence le mouvement ouvrier français dans sa branche la plus révolutionnaire jusque dans les années 30.
Par exemple, dans le programme du Front populaire il n’y aura pas de nationalisations. Pour des raisons contraires, le Parti radical, le Parti communiste et la CGTU s’y opposeront. L’autre thèse, c’est celle des réformistes. Pour eux, les nationalisations représentent l’aboutissement du socialisme dans le secteur économique. Ils oublient le rôle de l’État, de son contenu de classe dans la gestion des intérêts économiques et politiques des classes possédantes. Leur position varie suivant les circonstances politiques. Par exemple, en 1944, la SFIO voit dans les nationalisations « un processus de socialisation » et elle s’en félicite. Ce n’est plus le cas, en 1972, lors du débat pour le programme commun de gouvernement, puis, en 1988, avec « le ni-ni » (ni nationalisation ni privatisation) de François Mitterrand et pas davantage avec les privatisations du gouvernement de Lionel Jospin. …
En réalité, les nationalisations de l’après guerre ont surtout aidé le patronat et les banques à relever leurs sociétés aux frais du contribuable. Les uns comme les autres, avec l’aide gouvernementale ont vite fait sauter le verrou et repris leurs billes. Regardez aujourd’hui, qui retrouvent la splendeur d’avant crise, si ce ne sont les banques et le patronat….Le salarié,lui, continue à passer à la moulinette….
“L’unité de la classe ouvrière dans la CGT est actuellement le meilleur rempart de la Liberté et de la Démocratie”. (Benoit Frachon)
PS: il ne faut pas oublier que l’instauration de la IVème république se fit par référendum, le 13.octobre 1946.