La typographie.
octobre 31st, 2012La Typographie. (Raymond Gid)
Bien avant les Occidentaux, les Chinois ont connu la fabrication du papier, la xylographie et même l’impression en caractères mobiles. Toutefois, à Mayence, Gutenberg et ses associés inventèrent en 1440, les caractères typographiques métalliques, plus durables que les caractères en bois de Coster.
Les caractères typographies sont le résultat du dessin d’une lettre gravée à l’envers et en relief sur une tige d’acier (le poinçon), frappée dans un bloc de cuivre (la matrice) qui reçoit l’alliage de plomb, d’antimoine et d’étain formant les plombs typographiques. Ces derniers sont ensuite assemblés pour composer le texte serré dans une “forme” qui, ensuite encrée et passée sous une presse, va reproduire le texte sur la feuille de papier.
Les imprimeurs ont commencé par imiter les manuscrits de leurs temps. Les premiers caractères furent donc des lettres gothiques. Avec l’extension de cet art dans le monde latin et la révolution artistique de la Renaissance, les impressions furent exécutées avec des alphabets dessinés d’après les inscriptions lapidaires romaines et les manuscrits des humanistes. Les graveurs créèrent ces très beaux caractères romains dont les plus célèbres sont ceux de Claude Garamont et les “Romains du Roi” de Philippe Grand-Jean. Ces derniers, réalisés spécialement sous Louis XIV pour l’imprimerie royale, sont l’un des fleurons de la prestigieuse collection de poinçons (classée monument historique) que conserve et utilise encore l’imprimerie nationale.
La typographie ne cesse de s’enrichir, suivant les goûts artistiques de chaque époque. Les ornements, les lettrines, et les vignettes, gravés sur bois, sur cuivre, où, selon la méthode du poinçon, en plomb, eurent leurs maîtres, comme Luce et Fournier. Les imprimeurs jouèrent aussi un très grand rôle dans l’évolution des langues et de l’écriture. Parmi les réformateurs de l’orthographe français, il faut citer les Estienne, l’une des célèbres familles d’imprimeurs de Paris, un temps émigrés à Genève. L’art de la mise en page influença l’organisation des textes, donnant naissance entre autres aux paragraphes.
A la fin du XVème siècle, Alde Manuce inventa les caractères italiques qui firent le succès des éditions vénitiennes. Les recherches architecturales sur la “divine proportion” avec Léonard de Vinci et Luca Paccioli influèrent les lettres de Geoffroi Tory et de Garamont, à qui le timbre de Raymond Gid rend hommage. Pendant la Révolution et l’Empire, les Didot créèrent une forme de lettre à empattements filiformes qui prit leur nom. Avec le romantisme et l’art nouveau, on vit les caractères prendre un assouplissement végétalisé, sous la conduite de Grasset et d’Auriol. Il s’ensuivit une réaction géométrique due au Bauhaus qui amena la création des linéales ou “lettres bâton”.
Avec les procédés actuels de la photocomposition, en particulier la digitalisation des caractères, la typographie voit ses possibilités s’étendre, sans qu’apparaisse malheureusement le souci d’esthétique qui a fait toute la valeur de l’ancienne.
Timbre dessiné par Raymond Gid. Gravé en taille-douce par Claude Andreotto. Format vertical 36,85 x 48mm. Vente anticipée à Paris et Rennes le 1er mars 1986. Vente générale le 3 du même mois.
Source: Collection philatélique de la poste.
P-S: Raymond Gid, dessinateur et typographe de renom né à Paris en 1905, a réalisé de nombreuses affiches pour le Cinéma et la Publicité. Dans le Livre, il a joué avec autant de bonheur de la lettre et du dessin. Il a, en outre, réalisé plus de 30 médailles frappées à la Monnaie de Paris.