Canon de 75
novembre 19th, 2006Ce 75 est le modèle de celui de la guerre 14-18, à l’exception des roues, qui ne sont pas exclusivement en bois cerclées de fer. C’est avec ce modèle que j’ai fait ma première manœuvre à Bitche, puisque sa portée était légèrement supérieure à 5 kilomètres.
Le fort de Yutz me value un autre désagrément. Une nouvelle fois de garde dans ce maudit fort, les 24 heures de faction s’étant bien passé, et la relève s’étant exécuté dans les règles de l’art, nous sommes rentrés au casernement. Après le rapport et la distribution du courrier, auquel nous devons tous assister, j’ai enfourché ma 125 Terrot et me suis rendu chez moi, en perme de nuit. Nous avions juste fini de dîner, vers 9 heures, quand la sonnette retentit. Je vais ouvrir et me trouve face à face avec un margi de ma batterie, qui me dit : « Je viens te chercher, sur ordre du colonel ». –« Tu sais pourquoi ? »-« Non ! » Le temps de revêtir ma tenue « de gala », embarquer dans la Jeep et en route pour la caserne. Tout le long du parcours (7km) je trouvais le chauffeur et le margi bien silencieux.
Arrivé à la caserne, je suis accompagné par un lieutenant au bureau du commandement du régiment. Là se trouvaient mon capitaine et 2 hommes en civil. Je me présente, comme on est obligé de le faire devant tout supérieur et mon « pitaine » me dit : « Ces deux hommes, sont des enquêteurs de la DST. Ils vont vous poser quelques questions. » Et commence alors le « carrousel »
Vous sortez bien de garde à Yutz ce soir ?- Oui !- Comment c’est exécuté la relève ?- Comme le spécifie le règlement.- C’est-à-dire ? – Après un tour d’inspection des installations, en compagnie du margi de la garde montante, la remise et le comptage des munitions en charge aux poste de garde, nous avons signé, l’un et l’autre, comme vous pouvez le voir sur le livre de garde que vous avez devant vous. En signalant pour moi :RAS (rien à signaler).
Vous n’avez rien remarqué ?- Qu’aurais je du remarqué ?- Par exemple qu’un cadenas avait été fracturé !- Nous n’avons rien remarqué, ni l’un ni l’autre, autrement le fait serait relaté dans ce livre de garde. Et la commence les questions touchant ma vie privée. « Vous êtes marié ? – Oui !- Des enfants ? – Non ! (Là mon capitaine signale que je venais de perdre les jumeaux.) Etes vous dans un parti politique ? – Oui et aussi syndicat ! – Nous croyons que vous êtes au MLP (Mouvement de libération du peuple) depuis sa fondation en 1951.- Oui, est ce une tare ? Et aussi à la CGT ! - Pourquoi faites vous alors votre service et même comme sous-off ? – Si je suis sous-off, demandez la raison à mon capitaine, c’est lui qui a voulu que je fasse les pelotons. Et je fais mon service, tout simplement, parce que je suis républicain, et qu’un jour, il se pourrait que nous soyons obligé de faire comme les « moblots » pour justement défendre cette république. Et ça a duré comme ça, jusqu’à 1 heure du matin.
Après un conciliabule entre eux et mon « pitaine », ils ont levé la « séance » et de me dire : »Vous avez une permission de nuit, en retournant à Metz, nous vous déposerons chez vous. Ce qu’ils ont fait, et pendant le bref parcours, la discussion fut plus civilisé.
Le lendemain, avec une garde renforcée, les « casseurs » furent attrapés, vers 18 heures. C’était tout simplement des gamins de 13-14 ans qui venaient « jouer à la petite guerre »après l’école. Imaginez vous, que lors d’une ronde, vous tombez sur des ombres qui fuient, et que malgré les sommations, ils ne s’arrêtent pas et que vous vidiez votre chargeur de PM sur ces ombres…..je me demande ce qu’aurait alors été ma vie, par la suite. (Même si les faits se sont passés après la relève.) Dés la semaine suivante, les barbelés tout rouillé, ont été remplacé, et les arbres étêtés, car la cime de certains atteignaient le haut des remparts des fortifications. Quand je vous disais que mes 18 mois, ont été « bien rempli). Je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer !