Coulée haut fourneau
janvier 21st, 2007Ci-dessus : coulée de haut-fourneau.
Me voila donc membre du bureau syndical. Comme j’étais le dernier arrivé et le minot, ils m’ont nommé « secrétaire à l’organisation » et comme nous étions à quelques mois des élections syndicales (délégués du personnel et du comité d’entreprise) à moi le boulot.
Nous étions un peu près dans cette organisation syndicale 10 titulaires et 10 suppléants. Le nombre de délégués, (collège ouvrier), pour l’ensemble de l’usine (compte tenu du nombre d’ouvriers y travaillant) était de 20 titulaires et 20 suppléants. Chaque organisation syndicale : (3 à l’époque : FO, CFTC et CGT) pouvait donc présenter des listes complètes, soit au total 40 candidats. Encore fallait-il les trouver. Théoriquement, j’aurai dû selon la méthode ancienne, faire de la prospection parmi les services, à la pêche aux âmes de bonne volonté. Mais, je n’avais encore pas d’heures de délégation et ne pouvais encore me déplacer à mon gré dans l’usine. Et puis, la méthode ne me plaisait guère.
Nous avons tout simplement eu une bonne discussion entre nous, parfois vive et nous sommes mis d’accord sur une coordination des taches. (Je sais : timing, ça fait plus intellectuel, mais j’aime bien la langue française)
Pour commencer : sortir un journal mensuel, la communication est un des nerfs de la guerre (regardez en ce moment). « Journal » mensuel relatant, les actions, les revendications et les réponses données (favorables ou non). Atelier par atelier, ou service par service, en un mot, détailler la vie dans l’usine, pour que chaque salarié, y compris employé sache ce qui se passait dans leur usine. Sacré travail. Il y avait bien un journal en papier glacé avec photo et articles, digne d’un journal régional, financé par le comité d’entreprise, intitulé : « NOTRE USINE », mais je ne sais pas pourquoi, à sa lecture, je ne reconnaissais pas : « NOTRE USINE » ni ce qui s’y passait. Il nous était envoyé par la poste et à la maison.
Tous les métallos pouvaient y participer, mais la véracité des écrits était vérifiée, il ne devait pas y avoir de bobards ou de on-dit. Et comme la plupart des gars avait fait l’école en langue allemande (et oui, c’était obligatoire pendant la guerre), il y avait un comité de rédaction qui corrigeait les fautes et la tournure des textes, mais aucun ne paraissait sans l’accord du créateur de l’article.
La secrétaire de l’USTM (union syndicale des travailleurs métallurgistes) nous tapait les stencils et en faisait la mise en page. A deux ou trois, nous allions les tirer, au siège de l’USTM, à la ronéo (2000 à peu près, avec la recommandation en majuscules : « NE PAS DETRUIRE, NE PAS JETER : PASSEZ LE A UN AUTRE SALARIE »). Puis le lendemain venir agrafer les 2 ou 3 pages suivant le cas. Deux jours plus tard, il était distribué devant les 7 portiers de l’usine et aux 3 postes de travail. Soit : 6 heures, 14 heures et 22 heures. Il m’arrivait parfois, de faire deux distributions, car j’habitais à 100 mètres du portier 7.
Je vous assure qu’après le deuxième « journal », aucun ne garnissait les poubelles, ou ne tapissait le macadam des routes de l’usine. Les portiers, ayant l’ordre d’en prendre plusieurs pour le « personnel directorial », et comme ce « canard » était payé par les cotisations des salariés, ordre a été donné aux gars de n’en remettre qu’un seul par portier. Ils avaient, comme ceux qui trimaient, la possibilité de se le passer de poste à poste. Donc un seul à chaque portier à la distribution du matin !!
La suite à Dimanche prochain.