Les tribulations………..
Je suis resté quelques semaines en congés, apprivoisant notre fille cadette en lui faisant faire ses premiers pas. Et puis, il a fallu reprendre le collier. Je me suis donc rendu au siège à Thionville, d’une part pour régler la paperasserie du chantier fini et voir ma nouvelle affectation. Et pour chercher un logement plus près du centre de décision, c’est-à-dire le bureau d’agence. Ce ne fut peut-être pas une bonne décision.
Déjà, j’ai trouvé que l’ambiance à l’agence était plus froide, plus collet monté. Le nouveau patron et son chef d’agence, ne m’ont rien reproché sur notre retour, mais, à demi-mot, m’ont dit qu’il aurait été normal, pour le renom de la maison, de conseiller aux gars de prolonger leur contrat. Ne les connaissant pas encore, et pour notre premier contact, je n’ai rien répondu. Mon affection pour le lundi suivant, étant Dunkerque, j’ai profité de ce temps, pour me trouver un appartement à Thionville, le jour même dans le quartier aux fleurs, même si le nom de ma rue était : la rue du Chardon !!!!
Donc retour de toute la famille à Thionville. J’ai donc repris les chantiers ici ou là selon les ordres. Comme j’habitais Thionville, j’étais assez souvent affecté sur les chantiers de la région : Longwy, Serèmange- Erzange, Hayange, etc.. Plusieurs kilomètres aller-retour, parfois 100, et des journée de 7 heures du matin à 19 heures, avec tout juste une ½ heure à midi, pour le casse-croûte. Il fallait souvent réclamer pour des « oublis » sur la paye ou les déplacements. De plus, le chef d’agence avait pris la sale habitude, de venir faire les acomptes ou la paye, en dehors des heures de travail, à l’heure de la débauche, ce qui est contraire à la législation, de plus, après une journée de 12 heures, il fallait encore bien souvent se taper 30 à 45 minutes de route pour rentrer chez soi. Je commençais à bouillir et une paire de fois, je l’ai envoyé bouler, en lui disant de venir pendant les heures de travail, comme le précisait la loi.
Et puis un jour, j’en ai eu assez et j’ai mis la boite aux prud’hommes, le 31 mars 67, première audience. Mais je continuais à travailler chez eux. Il faut les avoir bien accrocher, pour le faire. Je me suis payé tous les chantiers éloignés : Dunkerque (souvent), Morcenx (Landes), Bordeaux etc…Un jour, quelques compagnons viennent me voir à la maison, et me demandent de former un syndicat. Et encore une fois, j’ai accepté. A partir du dépôt de la liste des candidats aux élections du personnel, j’étais protégé, mais cette protection n’était valable que 6 mois, je crois. Conseillés par leurs avocats, ils ont fait traîner la date des élections pendant des mois. Elles n’ont d’ailleurs jamais eu lieu.
De plus, fin septembre, je commence à souffrir du dos. Le matin Eliane m’aidait à m’habiller, (j’étais en chantier à Longwy) jusqu’au jour où je n’ai plus pu bouger. Hernie discale. Infiltrations et piqûre tous les matins, puis élongations et ionisations. Profitant de mon arrêt maladie, arguant de mon incapacité physique et en y ajoutant mon esprit rebelle, je reçois ma lettre de licenciement. Bien sûr, le syndicat poursuivit l’affaire aux prud’hommes, mais je ne me faisais pas d’illusion. (Surtout dans l’Est)
Ce qui m’a le plus touché, c’est qu’aucun gars n’a bronché. Après être venus me demander d’engager la procédure de formation d’un syndicat, ils n’ont pas bougé. Financièrement et moralement, je n’ai eu de l’aide que des militants du PSU. Certains à fond perdu, d’autre en prêt, selon leur moyen. Pendant 3 mois, (ils sont longs les soins pour une hernie discale), nous avons vécus ainsi.
Maintenant, je n’ai pas trop de problème avec ma colonne, puisque j’ai des becs de perroquet des deux côtés de chaque vertèbre. Comme si celles –ci se sont soudées. Je suis tout simplement un peu plus raide, ça me donne un style guindé, un peu comme une marionnette. (Rires
)
Je suis sûr que quand Eliane va lire ceci, elle va se rappeler ces quelques mois de dèche que je lui ai imposé avec mes opinions et ma tête de cochon.
La suite…plus tard.