Delacroix 1793-1863
novembre 10th, 2011Delacroix 1798-1863.
“Ce qu’il y a de plus réel en moi, ce sont les illusions que je crée.” Eugène Delacroix.
S’interrogeant sue ces illusions, Baudelaire disait qu’Eugène Delacroix s’entretenait avec le surnaturel. Un surnaturel nourri de thèmes tragiques et d’atmosphères mystérieuses dans d’hallucinantes épopées guerrières, de récits mythologiques et allégoriques inspirés par les univers tourmentés de Dante, Goethe, Mozart, Byron et Walter Scott. Un surnaturel qui aura sacré le génie de Delacroix comme l’aboutissement de l’expression picturale du romantisme du XIXème siècle.
Devenu tôt orphelin, le “prince des romantiques” entre, à l’âge de 20 ans, à l’école des beaux-arts où il s’initie aux œuvres de Raphaël, de Rubens, et collabore avec Géricault avant d’exposer sa 1ère toile ” Dante et Virgile aux Enfers” en 1822. Son œuvre, accueillie de manière très contrastée par le public, n’incarne pas simplement le prolongement de l’univers imaginé par David, Gros et Géricault. L’expression artistique de Delacroix explose en effet dans le travail d’imagination qu’il transpose dans le réel, dans les débordements fantastiques de ses personnages aux prises avec les plus effroyables destins, dans l’intensité et la vibration des couleurs et du trait donnant aux visages et aux corps l’expressivité des plus profonds tourments humains.
Cette noblesse de l’esprit et de l’esthétique se retrouve, dans ce timbre, dans la beauté silencieuse d’une femme accroupie, assistant des gestes et du regard son amie inanimée. La finesse du trait, la douceur de son modelé, la danse ondoyante et torturée des couleurs et surtout de la lumière qui glisse sur les courbures du corps à demi-nu expriment les sentiments pathétiques d’une femme qui affronte la fatalité dans la résignation et la délicatesse de son geste. Ce détail, extrait d’une évocation de la prise de la “prise de Constantinople par les croisés en 1204″, illustre en définitive l’inspiration effrénée d’un peintre dont le grand mérite aura été de nous faire toucher l’immensité et la confusion de notre humanité.
Emmanuel Lenain.
Timbre: détail du tableau “Prise de Constantinople” (1840) Huile sur toile de 411 x 497. Musée du Louvre. Œuvre mis en page par Aurélie Baras, gravé par Pierre Albuisson. Format vertical: 36,85 x 48mm Vente anticipée le 25 avril 1998 à Saint -Maurice (Val de Marne) et vente générale le 27 du même mois.
Source: Collection philatélique de la Poste.