
Photo :www.phil-ouest.com
Laurent Mourguet (1769-1844) Créateur de Guignol.
“Ohé, les gones! gensses d’ici et d’ailleurs! Décanillez-vous de vos suspentes, de vos souillardes, et traboulez jusqu’à nous pour apincher le timbre si tant chenu qui nous honore, qu’on dirait franc une pièce de soye s’échappant de nos vieux bistan-claques. Cela vaut son pesant de gratons ! …….Guignol.
La figure historique le plus célèbre de Lyon n’a jamais existé, sinon dans la tête de son créateur: elle s’appelle Guignol et fait rire des générations depuis des siècles. A la fois brave et impertinent, plein de bon sens et gouailleur, ce personnage universel, maintes fois transformé et déformé, par d’innombrables imitations, est né dans le Lyon populaire du début du XIXème siècle.
Secouée par la Révolution, la ville connait alors une grave crise qui affecte son industrie principale: la soie. Laurent Mourguet, un canut comme son père, décide de changer de métier et devient marchand ambulant. Pour attirer le chaland, il monte un petit spectacle de marionnettes, Dont Polichinelle est l’inévitable héros. Devenu, selon la légende, arracheur de dents, il n’en délaisse pas pour autant ses poupées qui distraient le client pendant les douloureuses extractions. Peu à peu, Mourguet rode son spectacle, dresse chez lui son petit castelet, pour son entourage. Il décide de remplacer Polichinelle par une marionnette plus proche de son auditoire, qui parle le langage du petit peuple lyonnais, partage ses éternels soucis d’argent, ses joies et ses peines: ce sera un Canut.
Mourguet le sculpte à son image (visage large, traits arrondis), lui donne un nom cocasse “Guignol”, peut -être inspiré du nom d’un tisseur italien; un compagnon inséparable :”Gnafon”, le savetier philosophe, mine rubiconde et chapeau tromblon; et une épouse: “Madelon”, fidèle et bavarde, surtout quand elle reproche à Gnafon d’entraîner son mari au cabaret. Mourguet installe son théâtre dans les jardins publics, puis dans son logement du vieux Lyon. On le retrouve ensuite dans le quartier des Célestins, où Guignol tiendra l’affiche pendant près d’un demi-siècle, gagnant peu-à peu le cœur des lyonnais. Laissant la direction de sa troupe à sa famille, une longue lignée qui poursuit encore aujourd’hui la tradition de Guignol. Laurent Mourguet quitta Lyon en 1940, pour ouvrir un nouveau castelet à Vienne, en Isère. C’est là qu’il meurt 4 ans plus tard. Son personnage , lui, est devenu immortel.
Timbre dessiné par Claude Andreotto. Imprimé en héliogravure. Format horizontal 36 x 22 Vente anticipé le 4 mars 1994 à Villeurbanne (Rhône) et vente générale le 7 du même mois.
Source: Collection philatélique de la Poste.