Eglise saint-Austremoine Issoire (63)
mars 31st, 2013Eglise Saint-Austremoine d’Issoire (63)
Le 1er timbre de la série artistique 1973 représente le chapiteau de la Cène, en l’église Saint-Austremoine d’Issoire dans le Puy -de-Dôme. Cet édifice est tout ce qui reste d’une abbaye qui, par ses origines, est la plus vénérable de l’Auvergne. Une tradition datant du VIème siècle en fait la fondation à l’un des 7 évêques arrivés en 250 pour évangéliser la Gaule. Austremoine aurait fondé l’église de Clermont, puis après avoir poussé vers Nevers et Bourges, se serait retiré dans un monastère construit à Issoire. L’église actuelle est du deuxième tiers du XIIème siècle: construite après la série de ses sœurs auvergnates, elle en est le couronnement comme l’illustre bien la composition extérieure du chevet.
La seule considération du chapiteau de la Cène amène à réfléchir sur l’essence du style roman. C’est une architecture qui, comme on dirait aujourd’hui, est d’abord fonctionnelle, et le chapiteau est en premier lieu le support d’une voûte. les volutes en saillie aux angles, dessinent bien ici le socle carré qui assure cette solide assise, et les feuillages verts qui les encadrent ne sont que les restes de l’acanthe du chapiteau corinthien, libérant des espaces pour d’autres intentions, qui ne sont pas uniquement décoratives. car “le décorateur roman, comme le remarque Focillon (historien de l’art français 1881-1943), veut faire parler l’église”. sans affaiblir les masses architecturales, il fait monter au sommet de la colonne, comme sujet de méditations religieuses, des représentations de l’Ancien et du Nouveau Testament, comme Adam ou Abraham ou les personnages de la Nativité et de la Résurrection.
C’est pourquoi le maître d’œuvre d’Issoire encadre l’autel où se célèbre la messe, de deux motifs qui en expliquent l’origine, le sacrifice du Christ sous la double forme, sanglante et liturgique, La Passion et la Cène. La seconde de ces représentations est justement célèbre pour de seules raisons artistiques: adroite utilisation de l’espace par la disposition circulaire, hiératisme des attitudes compensé par l’expression des visages, ligne blanche de la nappe entourant le pilier dans une nette volonté descriptive, mais aussi dans un effet symbolique de l’union réalisée par la banquet mystique.
Il y aura des réserves à faire à propose des couleurs. Les restaurations du XIXème siècle, en même temps qu’elles risquaient d’audacieux masticages, ont-elles respecté les nuances originales? Les spécialistes nous disent que la couleur authentique se contentait peut-être de souligner les reliefs: le vrai sculpteur, pensent les modernes, sait que les volumes s’enlèvent d’eux mêmes… L’œuvre n’a pourtant pas été défigurée. Les hommes du XIIème siècle n’avaient pas nos goûts pour les églises décapées, les sculptures dépouillées au dessin nu: ils aimaient les couleurs et les ornements riches.
Timbre dessiné et gravé en taille-douce pas Claude Haley. Format vertical 36,85 x 48mm. Vente anticipée à Issoire le 10 février 1973, vente généralisée le 12 du même mois , timbre retiré de la vente le 14décembre 1973.
Source: Feuillet N°224 du Catalogue CEF. Illustration de ce feuillet ci-dessous.