En 1965, l’électricité sur l’île |juste l’agglomération de Nouméa et l’usine de Doniambo) était fourni par le barrage de Yaté (conduites forcés). L’extraction du Nickel est rentable, mais pour rendre les bénéfices plus juteux, il faut le transformer en produit fini ou semi-fini, surtout en ces années 1950-60, qui allaient être celles de l’essor du Nickel, sans oublier le cobalt. L’usine SNL de Doniambo se devait d’installer sa propre installation thermique, d’où le première tranche (2 chaudières) de la centrale thermique.
Pour que nous puissions, faire la fumisterie de celles-ci, il faut qu’elles soient entièrement tubées, soudures radiographiées, et la mise en pression testée, pour détecter la moindre fuite, surtout aux soudures. Nous avons commencé la première chaudière, avec 2 à 3 semaines de retard. L’ingénieur du nickel est venu me demander de faire en sorte que les travaux progressent assez vite. A ma réponse, que nous allons faire notre possible, mais que 50 heures par semaine étaient déjà harassant, il me dit : « il y aura une carotte au bout ! » (Sic). Je le dis donc aux gars, et nous voilà, parti en « campagne ». Je vous passe les détails.
Chaudière finie et déjà en fonctionnement, dans des délais appréciables, toujours pas de « carottes ». J’attrape donc « le rigolo » et je lui dis : « Quand allons nous voir la couleur de la carotte ? » -« Vous l’avez mangez, les feuilles et la racine ! » Je n’ai rien répondu, même si je devais aller expliquer au gars que je m’étais fait rouler dans la farine. Je n’ai rien répondu, pour une simple raison, que voici ! Les ouvriers d’ Alsthom (chaudronniers, soudeurs etc.) s’étaient mis en grève pour obtenir un déplacement plus conséquent et aussi une augmentation de salaire. Le tubage de la seconde chaudière prenait du retard et j’allais devoir me frictionner, de nouveau avec lui, surtout que notre contrat n’était que de 6 mois, et que là, je le tiendrai comme il faut par…(juste la barbichette).
Ce qui devait arriver, arriva ; il est venu me retrouver avec le même langage. Je lui ai demandé : « De combien sera la carotte ? Au chiffre annoncé, j’ai ajouté la carotte précédente et cette promesse signait par le directeur de la société et ceci avant le début des travaux. Papier en poche, nous avons effectué les travaux, bien au-delà de la durée de notre contrat. Mais nous, nous avions respecté nos engagements.
A la fin du chantier, ce guignol est venu me dire que nous étions une fine équipe, tout en ajoutant : « pourriez vous prolonger encore votre contrat de 4 mois, pour aider à la construction du four rotatif de Poro à côté de Houailou (en pleine brousse)? »-« Ecoutez, lui dis-je, il faut revoir les conditions du contrat, et je dois en discuter avec les gars. Discussion avec les compagnons : Ils demandaient 1 semaines de plus de congés payés à leur retour en métropole. Une augmentation du salaire et des frais de déplacements. « Attention, leurs ai-je dis, je ne suis pas un marchand de panier, c’est tout ou rien, je ne vais pas commencer à palabrer une éternité ». D’accord, m’ont-ils dit. …..Et bien, nous sommes tous rentrer en France, car l’accord a achoppé sur l’augmentation des frais de déplacement, le Nickel ne voulant pas créer un précédent. Voilà une partie de ma période là bas.
Heureusement, qu’à côté, il y avait les amis Kanaks ou Caldoches, qui m’ont fait connaître leur « Caillou ». Le Kanak dit ceci : « La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre, qui est le fondement de son existence spirituelle, matérielle et culturelle. » Alors que d’autres sociétés sont en train d’implanter d’autres usines avec centrale thermique, je me demande, dans quel état, allons nous leurs laisser leur terre !